Négociations commerciales : quelle hausse de prix ?

Les négociations commerciales entre les industriels et les distributeurs ont pris fin dans la nuit de mercredi à jeudi. Sans qu’on sache de combien va s’élever la hausse des prix en rayons. Avec une inflation de 13,3% sur les produits alimentaires en janvier 2023, on s’attend à une augmentation à deux chiffres. 

Commencées il y a six mois, les négociations commerciales entre les industriels et les distributeurs se sont terminées officiellement dans la nuit de mercredi à jeudi, à minuit. Ces discussions annuelles permettent de fixer le prix et les conditions d’achats des grandes surfaces auprès de leurs fournisseurs. Elles ont été particulièrement houleuses cette année en raison de l’inflation. En février, celle-ci s’est élevée à 6,2% sur un an. La flambée pour les seuls produits alimentaires a atteint 14,5%.

Vers des augmentations à deux chiffres

A la veille de la clôture des négociations commerciales, seuls 70% des industriels de l’agroalimentaire avaient signé leurs contrats avec les clients distributeurs. Ce qui témoigne de l’âpreté des discussions. En raison de l’inflation sur les matières premières et les énergies, les industriels auraient demandé des hausses de prix à deux chiffres, avec une augmentation plancher de 10%. Le chiffre exact sera communiqué dans les prochains jours, après la réunion des contrats et les calculs.

Des demandes de hausses jugées « délirantes »

En mars de l’année dernière, les pourparlers avaient abouti sur une hausse d’environ 3%. Mais l’inflation a surgi peu après, obligeant les protagonistes à revenir à la table des discussions afin de prendre en compte la hausse des coûts des matières premières agricoles et de l’électricité. Malgré ce contexte, les enseignes de la grande distribution ont trouvé les demandes de hausses « délirantes ». Pour elles, des augmentations de 20%, évoquées par certains fournisseurs, relèvent d’un scandale. Les retailers préviennent qu’ils ne pourront pas absorber seuls ces potentielles hausses et devraient les répercuter sur les consommateurs.

Crainte d’un mois de mars rouge pour les prix

Le PDG de Système U, Dominique Schelcher, pense qu’on ira pas juque-là. Il table plutôt sur une hausse de 10% des prix dans les rayons dans les prochains mois. Mais certains distributeurs, plus pessimistes, parlent d’un mois de « mars rouge » pour les tarifs en magasins. Parmi eux figure Michel Edouard Leclerc. Le résident du groupe E.Leclerc avait prédit un tsunami d’inflation à partir de juin prochain. Il craint aussi que certains produits disparaissent des rayons à cause de désaccord avec les industriels.

Mise en place d’un panier anti-inflation

Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, a critiqué les supermarchés qui refuseraient de payer « la juste part » afin de permettre aux producteurs de vivre de leur travail. Pour Damien Lacombe, président de la coopérative Sodiaal, une augmentation des prix en dessous de 12% serait extrêmement difficile pour la filière laitière. Il appelle donc l’Etat à prendre ses responsabilités. Pour l’heure, le gouvernement a seulement annoncé la mise en place d’un panier anti-inflation, avec une vingtaine de produits à prix réduits. Objectif : protéger le pouvoir d’achat des Français.

Guerre en Ukraine : le G7 plaide pour la continuité des exportations de denrées alimentaires

Un champ de blé

 

Face au risque de pénurie en raison de la crise ukrainienne, les pays du G7 ont exhorté ce vendredi tous les Etats à ne pas suspendre les exportations de denrées alimentaires. La communauté internationale a déjà verrouillé de nombreux marchés en guise de sanctions contre ka Russie. Ce qui provoque des difficultés d’approvisionnements et la hausse des prix en Europe.

Eviter les mesures restrictives injustifiées à l’exportation 

Lors d’une réunion virtuelle organisée ce vendredi sous la présidence de l’Allemagne, les pays du G7 (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Italie, Japon, Canada et Allemagne) ont appelé la communauté internationale à ne pas suspendre les exportations de denrées alimentaires pour ne pas provoquer une hausse insupportable des prix et une pénurie. Le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir, a déclaré que ce n’est pas le moment de penser uniquement à soi, mais aux autres aussi. Il a invité tout le monde à une étroite collaboration pour éviter une crise alimentaire.

Dans son pays, l’inflation a atteint 3,3% en février, hors énergie. Les prix des denrées alimentaires ont ainsi augmenté de 5,3% contre 5,0% en janvier. En France, ces tarifs devraient augmenter de 2 à 3% après les négociations annuelles terminées le mercredi 2 mars dernier. Malgré tout, « l’Allemagne et l’Union européenne ne sont pas menacées de pénurie alimentaire », rassure Cem Özdemir.

Risque d’une famine en Afrique 

Des pénuries plus importantes sont plutôt attendues dans certains pays en dehors de l’UE. En particulier dans les régions où la sécurité alimentaire est déjà problématique à cause de préoccupations telles que la sécheresse. Le président français Emmanuel Macron pense principalement aux pays d’Afrique, qui pourraient vivre la famine dans la période de 12 à 18 mois à venir.

Mais l’Europe également devrait s’attendre à une déstabilisation de ses circuits de production et de distribution, si la guerre en Ukraine s’éternise. « Il nous faut réévaluer nos stratégies de production pour défendre notre souveraineté alimentaire et protéinique, en Européens, mais aussi réévaluer une stratégie à l’égard de l’Afrique », a dit le chef de l’Etat à l’issue du sommet européen de Versailles, le vendredi 11 mars 2022.

Reconsidérer les objectifs écologiques dans le secteur alimentaire ?

Malgré les risques, les Européens seraient prêts à prendre davantage de sanctions contre la Russie si la guerre en Ukraine continuait, a prévenu Macron. Il n’écarte pas la prise de sanctions massives et plus sévères au cas où la Russie persistait dans son projet d’occupation du territoire ukrainien.

Consciente des conséquences d’une telle posture politique et des mesures de rétorsion de Moscou, l’UE étudie en ce moment les moyens de stabiliser les marchés alimentaires. Certains membres proposent de reconsidérer les engagements écologiques pour atteindre cet objectif dans le contexte actuel. Mais le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir, pense que les 27 ne devraient pas revoir à la baisse leurs efforts pour la planète.

Vache folle : le Japon lève les dernières restrictions sur les exportations de viande de bœuf française

Des vaches dans un elévage en France.

 

Le Japon a levé vendredi les dernières restrictions sanitaires qui pesaient sur l’exportation de viande de bœuf française sur son territoire, a annoncé le gouvernement français. Cette décision intervient près de 20 ans après la crise de la vache folle qui avait motivé cet embargo.

L’embargo instauré par le Japon à plusieurs pays européens au début des années 2000 en raison de la maladie dite de la vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine) vient d’être totalement levé. « Le Japon a officiellement levé ce jour l’ensemble des restrictions sanitaires qui pesaient encore sur l’exportation de la viande de bœuf française vers ce pays », saluent les ministères français des Affaires étrangères et de l’Agriculture dans un communiqué. « Un dernier cycle de négociations vient d’aboutir à la levée complète de l’embargo japonais », ajoutent-ils.

Un adoucissement de l’embargo en vigueur depuis 2013

Tokyo avait banni en 1996 les importations de bœuf britannique en raison de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), avant d’étendre l’interdiction à l’ensemble de l’Union européenne au début des années 2000. Il avait ensuite rouvert progressivement son marché à plusieurs pays, la France étant autorisée depuis 2013 à exporter des viandes bovines issues d’animaux de moins de 30 mois.

Dans une note d’avril 2019, l’ambassade de France au Japon relevait que l’archipel avait importé pour moins de deux millions d’euros de viande bovine française en 2018, dans un marché « largement dominé par l’Australie et les Etats-Unis ». L’Hexagone reste néanmoins le sixième exportateur avec des gains potentiels importants pour les producteurs français.

La filière bénéficiera de l’accord de partenariat économique entre l’UE et le Japon

La levée totale des restrictions « offre de nouvelles perspectives commerciales à la filière bovine française. Elle peut désormais exporter au Japon de la viande sans limite d’âge, y compris des viandes hachées », précisent les ministères français des Affaires étrangères et de l’Agriculture dans un communiqué.

Les ministères soulignent en outre que « les débouchés de la filière bovine française au Japon bénéficieront également des avancées de l’accord de partenariat économique » entre l’UE et le Japon, entré en vigueur en février 2019. « Les droits de douane pour la viande bovine française et européenne importée au Japon ont déjà été significativement diminués, et cette diminution est amenée à se poursuivre dans les prochaines années », font-ils valoir.

Marché du bio : près de 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019

Un marché de légumes frais et de fruits.

 

Le marché du bio a enregistré un chiffre d’affaires de 11,93 milliards d’euros en 2019, soit une croissance de ses ventes de 13,5 %, selon l’Agence française pour le développement de l’agriculture biologique (pouvoirs publics, professionnels, syndicats).

En 2019, le marché bio a connu une croissance de 13,5 % à 11,93 milliards d’euros, soit un gain de 1,4 milliard d’euros par rapport à 2018. Dans le détail, 11,3 milliards sont liés aux achats des Français et 640 millions d’euros à la RHD. « Le bio représente aujourd’hui 6,1 % des achats alimentaires des Français, un chiffre multiplié par deux en 5 ans. Le budget annuel s’élève à 178 euros par an et par habitant », indique Philippe Henry, président de l’Agence Bio.

On note en 2019 une forte progression de l’offre locale permettant une croissance des ventes de 31 % pour les surgelés, de 24 % pour la bière, de 16 % pour l’épicerie. « Il y a une valorisation des produits de l’Hexagone. Le vin, les œufs et les produits laitiers sont quasiment totalement issus d’un approvisionnement français », explique Philippe Henry. Face à l’accroissement de l’offre, la part des importations continue logiquement de baisser (33,1 % en 2019 versus 33,7 % en 2018). Cependant, les fruits, l’épicerie, les boissons non alcoolisées et la saurisserie restent beaucoup importés de l’Union européenne ou de pays tiers.

La grande distribution, pilier de la croissance ?

Au niveau des circuits de distribution, la GMS représente 55 % de part de marché (+6 points versus 2018) et un chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros, en progression de 18 %. Pendant ce temps, les spécialistes enregistrent une part de 28 % à 3,2 milliards d’euros (+7 %) ; la vente directe grignote 11 % à 1,2 milliard d’euros (+8 %) et les artisans-commerçants prennent 6 % à 672 millions d’euros (+11 %). « La grande distribution occupe une place importante et le part du bio dans ce réseau va continuer de progresser. La croissance va se faire par la grande distribution et les réseaux spécialistes vont se concentrer. Mais quel que soit le canal de distribution, le bio est le même avec un cahier des charges identiques », détaille Philippe Henry.

Par ailleurs, il estime qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter de cette part importante du GMS. Bien au contraire. « S’il n’y avait pas la grande distribution, nous n’en serions pas là aujourd’hui, nuance Philippe Henry. Son agence, précise-t-il, échange régulièrement avec les grandes enseignes, et demeure vigilante. « Il ne faut pas conserver les anciens réflexes. Nous travaillons avec eux pour construire un modèle durable », ajoute-t-il.

La surface bio augmente aussi

Parallèlement, la surface agricole utile (SAU) bio s’élève en 2019 à 2,3 millions d’hectares (+13%), soit 8,5 % du territoire. La moitié de la SAU bio est répartie sur trois régions : Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Auvergne-Rhône Alpes. Notons que le plan Ambition bio, dont le contrat d’objectif de l’agence est une déclinaison, prévoit 4,1 millions d’hectares de surface agricole utile (SAU) à l’horizon 2022, et exigerait donc des hausses de 20 % au cours des trois prochaines années pour être atteint.

Pour Gérard Michaut, vice-président de l’Agence bio, « Nous sommes sur une belle progression, qui pourrait nous amener à respecter les engagements pris dans les contrats d’objectifs de l’agence ».

Alimentation : transparence et hygiène mis en avant

Le respect des normes d’hygiène dans le secteur alimentaire va faire l’objet d’une nouvelle mesure de transparence.

Le gouvernement a lancé le programme Alim confiance, qui consiste à rendre publiques les notations des restaurants, abattoirs, cantines et supermarchés, concernant le respect des normes d’hygiène.

Les premiers resultats ont été rendus publics aujourd’hui, lundi 3 avril, au sujet des 1000 à 1500 établissements évalués au mois de mars. Ils sont accessibles sur le site www.alim-confiance.gouv.fr, ou via l’application alim confiance.

Quatre notes « Très satisfaisant », « Satisfaisant », « A améliorer », « A corriger de manière urgente », permettent d’évaluer le niveau d’hygiène des établissements.

« Les objectifs de cette mise en transparence sont de valoriser les établissements qui travaillent bien, de répondre à la demande des consommateurs, et globalement, d’améliorer le niveau global d’hygiène dans tout le pays« , a expliqué aux journalistes de l’AFP, une responsable du ministère  de l’Agriculture en charge de ce dossier.

Une inititive qui devriat avoir un impact imortant sur tout un secteur economique…