De nouvelles pistes de taxation des hauts revenus ?

Le contexte social dans lequel est plongé le pays a rendu le gouvernement fébrile, hésitant, dépendant de la parole -rare- du chef de l’Etat. Il s’agit pour l’exécutif de revenir sur le devant de la scène avec ses propositions et de ne pas rester en défense contre celles des Gilets Jaunes.

Si le gouvernement tente actuellement de détourner le débat sur les lenteurs administratives et le coût de la fonction publique, thèmes très peu ou jamais présentés comme tel par les Gilets Jaunes, il n’en reste pas moins que les demandes de répartition des richesses dans le pays ressortent en permanence. Dans ce contexte la suppression de la taxe d’habitation pour les 20% les plus riches est un sujet apte à tendre les débats. Hier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux a explique à la radio que le maintien de la taxe était « sur la table ». « La promesse de campagne de la supprimer pour 80 % des Français (…) est mise en place » et le gouvernement se penche désormais sur « la question des 20 derniers pour cent », a expliqué monsieur Griveaux.

Du côté de Bercy, on affirme qu’« il y a des sujets déjà votés par le Parlement, comme la suppression de 80 % de la taxe d’habitation, la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune [ISF] en impôt sur la fortune immobilière [IFI] ou la “flat tax”. Mais la situation politique a changé, et le grand débat national doit traiter de fiscalité. On ne va pas arriver avec des réponses toutes faites ». Si le gouvernement ne compte pas arriver avec des réponses toutes faites, il ne compte pas non plus écouter les demandes des gilets jaunes.

Le gouvernement annonce le maintien de l’augmentation des taxes sur le carburant

Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire a confirmé ce matin au micro de RMC que l’augmentation de la fiscalité sur les carburants prévu le 1er janvier 2019. Il a souligné que l’objectif du gouvernement est d’avancer vers la fin de la dépendance au pétrole.

L’hétéroclite mobilisation du 17 novembre ne devrait pas faire bouger le gouvernement d’Edouard Philippe alors que l’extrême-droite, le Rassemblement National et Debout la France en tête, appellent à y participer. Le ministre a affirmé que « « Non, la hausse ne sera pas suspendue. Il n’y aura pas de moratoire. On ne suspend pas la transition écologique ».

Cette hausse devrait être répétée en 2020, 2021 et 2022. Celle du 1er janvier 2019 correspondra à une hausse du prix du litre de 6 centimes pour le gazole et de 3 centimes pour l’essence.

Le ministre a suscité de nombreuses moqueries sur internet quand il a déclaré « nous sommes tous des automobilistes » expliquant que « « le plein de ma 5008 essence, qui était à 68-70 euros, frôle les 80 euros. Quand je transporte ma famille, je m’aperçois bien que ça coûte cher ». Les internautes lui ont notamment reproché d’oublier la différence de salaire entre celui d’un membre du gouvernement et le revenu médiant.

Il a tenu à défendre la mesure d’un point de vue écologique : « Si on ne veut plus dépendre de cette hausse du prix du baril qui nous expose à des coûts prohibitifs, il faut accélérer notre indépendance face aux énergies fossiles ». « Les 3,7 milliards sont là pour favoriser la transition écologique qui est indispensable. Nous finançons la prime à la conversion, le crédit d’impôt pour les cuves à fioul », a également affirmé le ministre

Bruno Le Maire s’attaque au dossier corse

Aujourd’hui, lundi 22 octobre, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie a présenté à Ajaccio le rapport de l’inspection générale des finances qui fait un état des lieux et des propositions pour l’économie insulaire. Trois secteurs sont mis en avant par le ministre : le tourisme, le numérique et l’agriculture.

A Ajaccio lors d’une réunion publique, le ministre a déclaré que son « objectif pour la Corse et pour les Corses, à l’échéance de 10 ans, c’est que la Corse soit, en Europe, le modèle d’une réussite économique insulaire » avant de préciser : « Nous devons montrer en Corse, pour tous les pays européens, que l’insularité peut rimer avec succès économiques ». Le ton des interventions de Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse et de Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, sont de bons augures quant à un travail collectif entre la région et le gouvernement.

L’un des points chauds, le prix des carburants sur l’île, a été évoqué d’emblé par monsieur Le Maire qui les a dénoncés se demandant s’il n’y avait pas une entente entre les différents fournisseurs pour pratiquer ces prix.

Selon François Padrona, un chef d’entreprise de l’île : « Les mesures annoncées ont l’air intéressantes. C’est la mise en œuvre de ces mesures qu’il faudra suivre. Je retiens depuis quelques années qu’il y a un crédit d’impôt à l’hôtellerie, mais je n’ai pas vu tant d’hôtels sortir de terre. Il faut que toutes ces mesures coïncident avec une volonté sur le terrain des acteurs politiques pour mettre en œuvre les besoins nécessaires au développement économique ».