Les médias numériques : un modèle financier à part entière
En 1997, le journal Le Monde entamait déjà ses premières réflexions autour d’une édition numérique. Déjà à l’époque, le web représentait déjà un monde de la gratuité complète. De ce fait, les questions autour du financement d’un contenu dématérialisé se sont rapidement posées. Si pendant longtemps, les médias ont privilégié la gratuité et les revenus publicitaires, de nouveaux systèmes économiques ont commencé à voir le jour…
La publicité, un modèle instable créateur de frustration
La publicité présente sur les médias en ligne assure une source de revenue stable aux sites d’information. Cependant, avec la multiplication des bloqueurs de publicité sur les périphériques de consommateurs, relevant d’un sentiment de frustration et d’une aversion vis-à-vis de la publicité, ce modèle de financement n’était plus pérenne. De plus, les publicités ciblées en fonction de chaque consommateur accentuaient ce sentiment d’omniprésence publicitaire. Au final, tous ces aspects venaient entacher l’image du média, aussi pertinent soit son contenu.
Pour tenter d’endiguer ce problème, des solutions alternatives sont nées chez les médias numériques.
L’abonnement, la fidélisation chez un média de qualité
Comme l’histoire aime souvent se répéter, de nombreux médias se sont mis à proposer un système d’abonnement mensualisé pour accéder à leur contenu numérique. Similaire à un abonnement pour un journal papier, l’abonnement en ligne permet à ses utilisateurs d’accéder à l’intégralité du contenu de son média numérique. À la différence d’un journal papier, tous les articles d’une presse en ligne ne sont pas soumis à l’abonnement payant. Les sites mettent généralement des articles accessibles gratuitement et réservent les autres à leurs abonnés.
Et il faut bien dire que le modèle fonctionne. D’après une étude menée par Deloitte, leurs prédictions annonçaient que d’ici à 2020, en moyenne, un adulte serait prêt à payer trois à quatre abonnements pour accéder à du contenu en ligne. Si les plateformes comme Netflix participent grandement à l’augmentation de ce chiffre, force est de constater que les abonnements pour les journaux en ligne augmentent aussi. À titre d’exemple, en 2017, le Figaro avait enregistré une hausse de 30% de ses abonnements à l’édition numérique.
Les médias 100% numériques et la perpétuelle recherche d’un modèle économique
Si jusqu’ici, la question du financent restait limitée aux médias traditionnels, à savoir des médias au format papier qui se sont dédoublés au format numérique, Quid des nouveaux médias qui n’ont ni format papier, ni système d’abonnement. Pour ces « néo-médias », l’équation est un peu plus compliquée…
Ainsi, on retrouve plusieurs modèles économiques, qui tendent à l’équilibre, sans pour autant assurer que tous finissent par être rentables.
Tout d’abord, certains médias refusent la publicité ainsi que les abonnements. Pour ces cas extrêmes, la solution passe généralement par les dons des lecteurs et le bénévolat.
Pour les autres, leur chiffre d’affaire est segmenté à travers plusieurs canaux de revenus. D’un côté, le nombre de vues qu’ils réalisent sur les réseaux sociaux leur rapporte un peu d’argent. Malheureusement, la visibilité n’est pas suffisante et ces médias se retrouvent obligés de réaliser des sponsorings ou encore du brand content. En s’alliant à un groupe ou une marque, ces médias vont les mettre en avant dans certaines publications en échange d’une rémunération. Ainsi, Loopsider un média en partie axé sur l’écologie, a réalisé différentes opérations commerciales avec Veolia.
Quelles que soient les plateformes, ces sponsorings sont plutôt bien reçus par les consommateurs, qui comprennent que la gratuité apparente d’un média doit se faire au prix de quelques contreparties.