Estelle Brachlianoff (Veolia) : « Nous savons comment éviter les restrictions d’eau dans les années à venir »

Estelle Brachlianoff

À l’occasion des 25e Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence, Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, a livré une vision résolument optimiste mais lucide sur l’un des grands défis du siècle : la gestion de l’eau. Alors que les canicules à répétition, la pression sur les nappes phréatiques et la flambée des factures d’eau préoccupent les Français, la patronne du géant de l’environnement affirme avec assurance : « On sait ce qu’il faut faire pour éviter les restrictions d’eau dans les prochaines années. »

Un discours volontariste, dans un contexte pourtant alarmant. Car derrière ces mots, c’est toute une stratégie industrielle qui se dessine, entre transition écologique, innovation technologique et enjeux économiques cruciaux.

L’eau, au cœur des préoccupations des Français

Le changement climatique impose une relecture urgente de la gestion de l’eau. L’alternance de périodes de sécheresse intense et d’épisodes pluvieux extrêmes bouleverse les équilibres naturels. Les nappes phréatiques, véritables réservoirs d’eau potable, ne se rechargent plus correctement, tandis que certaines régions font déjà face à des tensions d’approvisionnement.

Pour les particuliers, cela se traduit par des restrictions d’usage, des hausses tarifaires, et une inquiétude grandissante. « L’eau pourrait devenir une ressource rare, chère et disputée », résume Estelle Brachlianoff, soulignant que ce scénario n’est pas inéluctable, à condition d’agir maintenant.

La stratégie d’Estelle Brachlianoff fondée sur l’innovation et l’anticipation

Face à cette situation, Veolia développe une approche offensive et technique. « Nous avons des solutions éprouvées, et nous investissons massivement dans des technologies de réutilisation des eaux usées, de détection des fuites, et d’optimisation du stockage », détaille la directrice générale.

L’entreprise mise aussi sur la numérisation des réseaux pour mieux suivre et gérer les consommations, ainsi que sur la désalinisation dans les zones littorales les plus exposées. Autre axe majeur : l’accompagnement des collectivités locales pour repenser leurs modèles d’irrigation et leurs infrastructures vieillissantes.

La valorisation des déchets dangereux, nouveau levier de croissance

En parallèle de ses activités historiques dans l’eau et les déchets ménagers, Veolia entend booster sa croissance grâce à un secteur encore méconnu du grand public : la gestion des déchets dangereux. Une orientation stratégique assumée.

« Ces déchets, souvent industriels, nécessitent des traitements très techniques, mais ils permettent aussi de valoriser des ressources rares et de réduire la pollution à la source », explique Estelle Brachlianoff. Ce segment représente désormais une part croissante du chiffre d’affaires du groupe, avec une forte demande à l’échelle mondiale, notamment en Europe et en Asie.

Le rôle politique d’Estelle Brachlianoff et sociétal croissant

En tant que leader mondial de la gestion de l’eau et des déchets, Veolia est désormais au cœur des politiques publiques. La crise hydrique, conjuguée aux tensions environnementales, impose aux industriels un rôle élargi, entre acteur économique, partenaire des territoires et moteur de la transition écologique.

Estelle Brachlianoff assume cette position. « Notre responsabilité est d’accompagner les collectivités, de former les jeunes à ces métiers d’avenir, et de démontrer que la croissance peut être compatible avec la préservation des ressources. »

L’urgence d’un changement systémique

Si les technologies existent, encore faut-il que les mentalités et les décisions politiques suivent. Pour la directrice générale de Veolia, la transition hydrique ne peut réussir qu’avec une vision systémique : réduction des gaspillages, tarification juste, sensibilisation du grand public, et soutien massif à l’innovation.

« Il faut sortir de la logique de court terme et reconnaître que l’eau est une ressource stratégique, comme l’énergie », martèle-t-elle. Le message est clair : sans anticipation, les pénuries deviendront la norme. Mais avec une stratégie cohérente, les pires scénarios peuvent être évités.

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