Tickets restaurants : pourquoi les refus se multiplient
Les salariés constatent, ces derniers mois, que les enseignes et les commerces refusent les tickets restaurants, qu’ils soient au format papier ou carte. Cette situation trouve ses origines dans la guerre que se livrent les commerces et les opérateurs.
Inventé dans les années 1960 par Jacques Borel, le titre restaurant a énormément gagné en popularité ces dernières années. En particulier pendant l’épidémie de Covid-19, au cours de laquelle le gouvernement a relevé le plafond d’utilisation quotidienne, tout en étendant son usage au paiement de courses alimentaires dans la grande distribution. Aujourd’hui, plus de 5 millions de salariés utilisent ces chèques repas dans 234.000 établissements et commerces agréés.
Le montant quotidien relevé l’année dernière
Payée en moyenne pour moitié par l’employeur (de manière volontaire) et pour moitié par le salarié, le titre restaurant (ticket restaurant, chèque déjeuner, pass restaurant…) permet au travailleur de payer son repas s’il n’y a pas de cantine ou de restaurant dans son entreprise. Mais également d’acheter chez des commerçants (boulangers, traiteurs…) et grandes enseignes des denrées alimentaires. Depuis le 30 septembre 2022, son montant a été relevé de 19 à 25 euros par jour. Pour les pouvoirs publics, la facture s’élève à environ 1,5 milliard d’euros par an.
Augmentation des refus de titres par les commerces
Depuis quelques mois, les clients constatent que de plus en plus de distributeurs et de commerces refusent les tickets restaurants. C’est le cas des enseignes Aldi et Lidl et de certains magasins Leclerc, qui n’acceptent pas ou plus ce type de paiement. La loi ne les y oblige pas. Les commerces sont donc tout à fait libres de prendre les chèques restaurants comme les refuser, qu’ils soient en version papier ou carte.
Dénonciation des commissions trop élevées
Certains invoquent la faiblesse des marges pour justifier le rejet des tickets restaurants. D’autres pointent une augmentation de la commission des émetteurs, ainsi qu’un remboursement trop souvent long. Bon nombre de restaurateurs et leurs syndicats professionnels protestent contre les frais et commissions de 3 à 5 % que leur imposent les sociétés éditrices de titres restaurants. A savoir Edenred, Swile-Bimpli, Sodexo et Up Coop.
Un éclatement du remboursement
Ces quatre entreprises historiques contrôlent 99 % du marché des tickets restaurants, estimé à 7 milliards d’euros annuels. La hausse des frais s’explique par le fait que les commerçants se font rembourser par ces 4 différents comptes. Alors qu’auparavant, jusqu’au 28 février 2023, ils obtenaient le règlement auprès d’une même structure, la CRT (Centrale de règlement des titres). Celle-ci a fermé depuis.
Vers une dématérialisation des tickets
L’éclatement du remboursement induit également un rallongement du traitement. En moyenne, il faut attendre 15 jours pour avoir son dû, le temps d’empiler les chèques. Or, c’est du temps de perdu dans de la paperasse et surtout un décalage dans la trésorerie. Pour accélérer les démarches, la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire a annoncé une dématérialisation des titres restaurants avant 2026. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a pour sa part saisi l’Autorité de la concurrence pour un éventuel encadrement du montant des commissions.
Supprimer le droit exclusif de chaque émetteur
Le régulateur a rejeté cette demande, même s’il admet l’existence de défaillances dans le marché. Il craint que la requête de Bercy ne limite le développement des nouveaux entrants et ne fasse encore flamber les frais. L’organisme recommande plutôt la suppression du droit exclusif de chaque émetteur sur l’acceptation de ses titres. Autrement dit, que les quatre opérateurs permettent aux commerçants de remettre leurs titres restaurants en paiement à l’émetteur de leur choix pour remboursement. Il juge également indispensable de rendre obligatoire la dématérialisation des titres.