Jack Ma perd le contrôle de la fintech chinoise Ant Group
Le groupe de gestion financière basée à Hangzhou va procéder à une restructuration qui verra son fondateur et figure charismatique céder le contrôle. Le prix à payer pour se défaire de l’étreinte des autorités étatiques ?
Du mouvement à la tête d’Ant Group, du nom de cette société financière chinoise propriétaire de la plateforme de paiement électronique Alipay. Elle a annoncé le 7 janvier avoir décidé de procéder à une « nouvelle optimisation de sa gouvernance » à travers le changement de sa structure actionnariale.
Certains actionnaires dont principalement le fondateur Jack Ma et ancien patron du mastodonte du commerce en ligne Alibaba, filiale d’Ant Group, voient ainsi leur pouvoir au sein de l’entreprise considérablement diminuer.
Le milliardaire souvent présenté comme le « Steve Jobs chinois » ne devrait plus détenir que 6,2% des actions, contre 34% auparavant. Un niveau d’actionnariat qui s’éteindrait en réalité à 53,46 % en raison des participations de l’intéressé dans d’autres entités actionnaires.
Isolement accru
Cette restructuration annoncée avec force détails sur le site internet d’Ant Group, réduit drastiquement le pouvoir d’influence – sur le vote lors des Assemblées générales par exemple – de Jack Ma.
« Aucun actionnaire n’aura, seul ou conjointement avec un autre actionnaire, le pouvoir de contrôler le résultat des Assemblées générales. Aucun actionnaire n’aura le pouvoir de nommer la majorité du Conseil d’administration. Par conséquent, aucun actionnaire, seul ou conjointement avec d’autres parties, n’aura le contrôle d’Ant Group« , indique le groupe qui mettant en avant une volonté de transparence et diversification.
Reste que cette initiative que semble apprécier les marchés – le titre d’Alibaba a pris 9% à la place de Hong Kong – accroît un peu plus l’isolement de Jack Ma, devenu depuis 2020 un personnage indésirable aux yeux des autorités chinoises.
Décision de compromis ?
En cause, sa sortie au vitriol contre les régulateurs financiers du pays fin 2019. Il a depuis disparu des radars, alimentant les rumeurs en tout genre sur sa personne. L’opération d’entrée en bourse record d’Ant Group fut freinée. Alibaba a été frappé d’amende pour abus de position dominante. Et de nombreux autres géants technologiques du pays ont été victimes d’une répression féroce de la part de l’État.
Il semble toutefois que la tempête soit désormais passée pour Ant Group. En témoigne l’approbation le mois dernier par les régulateurs de son plan d’augmentation de 1,5 milliard de dollars pour son unité de crédit à la consommation. De quoi faciliter son influence auprès des consommateurs chinois. Dans ce contexte, la mise à l’écart de son fondateur pourrait représenter « un mal » pour « un bien ».