Véhicules électriques : la Chine et les pays occidentaux à couteaux tirés
Ces derniers mois, les pays occidentaux ont pris des mesures pour limiter les importations de véhicules électriques chinois. Ils ont principalement imposé des surtaxes, arguant vouloir contrer la concurrence déloyale de la Chine. Mais Pékin compte riposter. Il a déjà saisi l’OMC fin août pour lever les barrières commerciales européennes et américaines.
L’Europe et l’Amérique veulent stopper l’offensive des constructeurs chinois. Après une première taxe de 10%, la Commission européenne a imposé, le mardi 20 août, des droits de douanes allant jusqu’à 36,3 % sur l’importation de certaines catégories de véhicules électriques (VE) venus de Chine. Elle a pris cette décision au terme d’une enquête de plusieurs mois, conduite par Bruxelles sur les subventions attribuées par Pékin à l’industrie automobile chinoise.
Les Etats-Unis et le Canada vont imposer une surtaxe de 100% sur les véhicules électriques chinois
Selon la Commission européenne, les subventions dont bénéficient les constructeurs en Chine distordent la concurrence au sein du marché unique et nuisent aux champions européens, en raison de leurs bas prix. Elle se donne jusqu’à fin octobre pour adopter une surtaxe définitive, applicable pour une durée de cinq ans. De leurs côtés, les Etats-Unis et le Canada ont aussi annoncé une surtaxe s’élevant à 100%, à partir du 1er octobre prochain.
Ottawa et Washington ont évoqué la « concurrence déloyale » chinoise et la question du « droit humain des travailleurs » en Chine. Ils estiment que ces barrières tarifaires sont justifiées, alors qu’elles feront doubler les prix des véhicules électriques. Ce qui n’est pas souhaitable pour les clients européens, mais aussi pour les objectifs de réduction des émissions de CO2. D’ici à 2035, les véhicules neufs vendus dans l’UE doivent être des VE.
Il faudra trouver des solutions pour ne pas freiner la transition écologique et pénaliser les consommateurs
Pour ne pas freiner la transition écologique, les pays européens et nord-américains devront trouver des solutions de long terme satisfaisantes. Par exemple, ils pourraient inciter la Chine à produire ses véhicules électriques dans des usines européennes. Ou renforcer les capacités d’innovation de l’industrie européenne, tout en réduisant ses dépendances aux matières premières.
Pékin a déjà saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après que l’Union européenne a décidé d’imposer des droits de douane supplémentaires sur ses voitures et celles fabriquées en Chine (par Tesla par exemple). Aussi, il a appelé l’UE à « rectifier immédiatement ses mauvaises pratiques » et à « préserver conjointement la coopération économique et commerciale ». Selon lui, cela est essentielle pour « la stabilité de la chaîne d’approvisionnement de l’industrie des véhicules électriques ».
Pékin a annoncé des mesures de rétorsion
La Chine a également « demandé des consultations avec la partie canadienne » à l’OMC après l’annonce d’Ottawa en vue d’imposer des surtaxes de 100%. Selon le géant asiatique, cette « mesure unilatérale et protectionniste » viole les règles de l’organisation du commerce et « nuit gravement au système d’échanges multilatéral ». En guise de riposte, il a annoncé une enquête antidumping sur le canola canadien.
A l’encontre de l’Europe, Pékin a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les pratiques commerciales de certains produits laitiers, notamment du fromage et certains laits et crèmes, exportés par l’Union européenne (UE). Il avait déjà lancé en janvier dernier, comme mesure de rétorsion, des enquêtes sur le cognac français et certains produits de viande de porc, après de précédentes décisions européennes.
L’Europe elle-même subventionne massivement son économie
La Chine ne comprend pas les taxes européennes d’autant que les politiques de l’UE subventionnent massivement eux-mêmes certains secteurs d’activités, comme l’agriculture. Pour preuve, l’Allemagne a récemment accordé une énorme subvention de 5 milliards d’euros, validée par Bruxelles, à un projet de construction d’une usine de semi-conducteurs du taïwanais TSMC à Dresde. Serait-ce de la mauvaise foi ?