Europe 1 dans le brouillard

Arnaud Lagardère vient de perdre son statut de commandite de la firme éponyme. Au grand dam des salariés de la chaîne de radio qui redoutent l’hypothèse de voir Vincent Bolloré déjà actionnaire du groupe à travers Vivendi, en prendre le contrôle.

Harassé depuis plusieurs mois et sous pression constante de ses principaux actionnaires en l’occurrence Vivendi, Arnaud Lagardère a finalement décidé d’abandonner son statut de commandite le 28 avril dernier. Le précieux verrou qui préservait le groupe Lagardère d’une potentielle OPA hostile saute. Débarrassé de sa cuirasse, le roi se retrouve donc nu et désormais à la merci du moindre prédateur. À commencer par l’un de ses principaux actionnaires, Vincent Bolloré, patron de Vivendi qui a longtemps joué des bras pour fragiliser l’héritier de Lagardère.

En effet, l’impitoyable d’affaires rôde depuis plusieurs mois autour de la branche médias du groupe qui comprend notamment Europe 1, le JDD et Paris Match. Sa volonté d’adjoindre une radio à sa désormais populaire et populiste chaîne de télévision Cnews ne fait l’ombre d’aucun doute. Mais Arnaud Lagardère y a toujours résisté. Jusqu’à ces dernières semaines où la donne a changé. Perclus de dettes, Lagardère fils se voit contraint de renoncer à sa commandite contre 10 millions d’actions valorisées à 230 millions d’euros.

Europe 1 en sursis

Cette manne financière devrait l’aider à éponger un tant soit peu ses créances. Mais le prix à payer pourrait se révéler très élevé. Car délesté de sa commandite, Arnaud Lagardère n’est plus indéboulonnable à la tête de l’entreprise familiale. Et même si l’intéressé a pu obtenir après d’intenses négociations avec ses actionnaires, le droit de demeurer à la tête de l’empire jusqu’en 2026, rien ne dit que les choses vont se dérouler ainsi. D’autant plus avec un Vincent Bolloré toujours avide de la moindre opportunité pour agrandir son influence dans les parages.

La perspective de voir le groupe Lagardère tombé dans l’escarcelle de Bolloré inquiète grandement les salariés d’Europe 1. Ces derniers qui ne sont pas dupes des méthodes de l’industriel breton ont fait part de leur réserve à la hiérarchie lors d’une réunion le 11 mai dernier. Mais les patrons minimisent la menace Bolloré, préférant mettre avant l’avantage que cela pourrait représenter pour la chaîne de radio de collaborer avec un groupe de l’influence de Canal+. Par ailleurs, les plus sceptiques ont été invités à partir dans le cadre d’un plan de départ volontaire.

Sur le papier donc, Arnaud Lagardère demeure patron de son groupe. Jusqu’à quand ?

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