Les crypto-monnaies, véritable poumon financier de Telegram
Une plongée dans les plus récents comptes de l’application de messagerie instantanée aux 950 millions d’utilisateurs actifs mensuels révèle sa dépendance vis-à-vis de la monnaie numérique.
Telegram ne fait décidément pas les choses comme les autres. Alors que la plupart de ses pairs jouissent d’un modèle économique classique, centré sur les revenus publicitaires entre autres, la quatrième plateforme de messagerie instantanée la plus populaire au monde se démarque.
En effet, le groupe au cœur de l’actualité depuis le déclenchement des déboires judiciaires de son fondateur, Pavel Dourov, en France le 24 août 2024, génère des ressources financières grâce à la cryptomonnaie. En l’occurrence, le « Toncoin » développé en interne en 2018.
C’est notamment ce que révèle l’examen états financiers privés de l’entreprise, déposés aux Îles Vierges britanniques, son siège légal, l’année dernière. Les données dévoilées par le Financial Times (FT) suggèrent une curieuse relation avec cette monnaie virtuelle.
Des actifs cryptos supérieurs à la trésorerie
Avec plus de 130 millions de dollars engrangés en 2023, les portefeuilles crypto et le commerce de jetons Toncoin représentent ainsi à eux seuls, la principale source de revenus de Telegram. Il s’agit d’un montant supérieur aux revenus issus des abonnements premium et de la publicité.
Preuve de l’ampleur incontournable de cette activité crypto jusqu’ici peu mise en avant, sa valeur globale estimée à 399 millions de dollars, dépasse de loin la trésorerie disponible, dont le chiffre s’élève à 171 millions de dollars.
Telegram semble donc avoir fait le pari plutôt inhabituel de miser une partie considérable de ses fonds sur la valeur future de ses jetons au lieu de les conserver en liquidités. Cela en dit long sur Pavel Dourov, dont les 15 milliards de dollars de fortune estimée par Forbes, dépendent en grande partie de la monnaie virtuelle.
Une entreprise surévaluée ?
Cette orientation vers la cryptomonnaie ne constitue, en tout cas, pas une assurance tout-risque pour le groupe. En témoigne le chiffre d’affaires limité à 342 millions pour le compte de 2023, contre une perte nette de 259 millions.
De quoi remettre en cause la valorisation estimée à 30 milliards de dollars par le PDG, dans une interview au Financial Times, le 11 mars dernier. Dans ces conditions, difficile d’envisager une entrée en bourse aussi réussie que le souhaiterait l’homme d’affaires de 39 ans.
À moins que le pari de la crypto – si volatile – ne se révèle finalement porteur.