Hydrogène naturel : le Mali montre l’exemple avec Petroma Inc

Alors que la transition énergétique se fait à grands renforts de discours dans de nombreux pays, au Mali, Petroma Inc a retroussé les manches depuis huit ans. La société fondée par le milliardaire malien Aliou Diallo exploite l’hydrogène naturel pour produire de l’électricité propre. Un cas qui devrait servir d’exemple.

Aujourd’hui, les décideurs et pouvoirs publics ne jurent que par la transition énergétique, en proposant parfois des solutions qu’il n’est pas facile de mettre en place. Or, sous nos pieds, se trouve une alternative moins onéreuse et totalement écologique : l’hydrogène naturel.

Aliou Diallo ne s’est pas posé de questions

Découvert dans les années 70 en mer profonde, puis au milieu des années 80 sur les continents, l’hydrogène naturel commence à peine à s’imposer comme l’énergie du futur, mais la route est encore longue…A l’instar du pétrole, dont il a fallu près d’un siècle avant que son exploitation soit lancée, l’hydrogène naturel demeure encore un mystère pour la communauté scientifique. Moins « cartésien », Aliou Diallo n’a pas attendu que des tonnes de livres sortent en librairie avant de se lancer dans l’aventure. Vers la fin des années 2000, il lance sa société sur les traces de l’hydrogène naturel, gaz découvert par hasard au Mali (dans le cercle de Kati) par des prospecteurs d’eau, au milieu des années 1980. Petroma Inc met au jour 22 puits positifs d’hydrogène, près de Bourakebougou, à une soixantaine de kilomètres de Bamako, la capitale malienne. Alain Prinzhofer, professeur affilié à l’Institut de physique du globe de Paris et à l’université de Paris VII, directeur scientifique de GEO4U, confirme ensuite l’existence de cinq réservoirs superposés et peu profonds (de 100 à 1.700m) s’étendant sur 20 kilomètres de large.

Un gaz inépuisable et écologique

Contrairement à l’hydrogène produit en usine (à partir d’énergies fossiles), l’hydrogène naturel n’émet aucun gaz à effet de serre. Sa transformation en électricité ne produit que de l’eau. Cette alchimie est donc 100% écologique. De plus, les coûts de production sont moindres que celui fabriqué industriellement et l’hydrogène naturel serait intarissable puisqu’il se renouvelle continuellement.

En 2011, Petroma installe une unité pilote à Bourakebougou, qui fournit en électricité propre ce village et le village voisin. La bonne nouvelle est arrivée à Bamako, qui a dépêché des ministres sur le site afin de constater la révolution énergétique en marche. Au cours d’une des visites d’émissaires du gouvernement, Aliou Diallo a déclaré que « Si l’on arrive à exploiter cet hydrogène de Bourakébougou, le problème d’électricité au Mali sera oublié, a assuré le PDG de Petroma Inc. Le potentiel en hydrogène existe réellement et nous allons tout mettre en œuvre pour le bien-être de nos populations ».

C’est la volonté politique qui manque le plus

Si Petroma Inc est devenue la pionnière dans l’exploitation de l’hydrogène naturel, le Mali est lui devenu le premier pays à fournir de l’électricité à partir de ce gaz. Ce petit Etat d’Afrique de l’Ouest montre ainsi l’exemple aux Occidentaux qui cherchent « désespérément » des solutions propres. Petroma a suffisamment prouvé que l’hydrogène était l’avenir énergétique de la planète. Tout est désormais question de volonté politique.

Petroma et l’hydrogène naturel : une révolution économique

La découverte d’un vaste gisement d’hydrogène naturel dans la région de Bourakébougou au Mali par l’entreprise Petroma, annonce une véritable révolution économique pour le pays. Le physicien Alain Prinzhofer, à la tête d’une équipe de chercheurs, a en effet publié une étude affirmant que l’exploitation de l’hydrogène naturel, une énergie renouvelable et non polluante, pourrait être largement rentable et pourrait redéfinir notre rapport à l’énergie.

La communauté scientifique, représentée par une équipe de chercheurs ayant dévoilé les résultats de leur étude dans le journal spécialisé International Journal of Hydrogen Energy, est unanime : le bassin de Bourakébougou au Mali, détenu par la société Petroma Inc., est une mine d’ « or blanc ». En effet, la forte présence d’hydrogène naturel dans la région pourrait permettre à Aliou Diallo, PDG de la société en charge de l’extraction et l’exploitation du site industriel, d’insuffler une véritable révolution économique pour le pays, voire même pour la sous-région.

Tout d’abord, les ressources en hydrogène naturel de la région se sont avérées bien plus importantes que prévu. Alain Prinzhofer, en charge de l’étude a d’ailleurs expliqué dans son article que le champ d’hydrogène « comprend au moins cinq réservoirs superposés qui contiennent chacun des quantités importantes d’hydrogène sur une surface estimée qui dépasse largement les huit kilomètres de diamètre ». Soit un potentiel d’exploitation grandement revu à la hausse.

Ensuite, il faut prendre en compte le coût d’exploitation de l’hydrogène naturel, bien plus faible que l’hydrogène industriel. L’équipe scientifique précise que « l’estimation actuelle du prix d’exploitation (de l’hydrogène naturel) est nettement moins cher que l’hydrogène produit en usine, que ce soit à partir d’énergie fossile ou d’électrolyse ». Surtout lorsque l’on sait que le gaz qui émane du gisement comporte 98% d’hydrogène, soit un gisement assez pur pour être exploité.

Pour rappel, Aliou Diallo a lancé une exploitation pilote en 2012 qui se sert d’un groupe électrogène alimenté par l’hydrogène pour fournir Bourakébougou en électricité. Car si l’hydrogène est difficilement transportable, ce n’est pas le cas de l’électricité. Une expérience concluante qui pousse l’homme d’affaires à vouloir non seulement alimenter le reste du pays grâce à l’importante réserve du site, mais également exporter l’énergie au-delà des frontières maliennes, renversant ainsi le monopole énergétique établi en proposant au continent africain une énergie propre et à moindres coûts.