Volkswagen revoit ses plans sur le thermique

Volkswagen

Alors qu’il avait promis de mettre le frein sur le thermique au profit de l’électrique, Volkswagen revoit sa stratégie sur cette motorisation. Le constructeur allemand a annoncé qu’il va y injecter un tiers de la somme qu’il avait prévue pour l’électrification. Mais il n’est pas le premier groupe automobile à avoir modifié sa trajectoire.

Suite au scandale du Dieselgate en 2015, Volkswagen avait décidé de changer son positionnement et de miser à fond sur l’électrique. Le constructeur allemand avait conçu dans la foulée la gamme ID. L’année dernière, il avait même prévu de consacrer quelque 180 milliards d’euros à l’électrification d’ici la fin de la décennie. Mais la réalité du marché l’a rattrapé très vite.

Volkswagen réduit son investissement dans l’électrique

En effet, les ventes de voitures électriques (VE) de l’entreprise sont en berne, notamment en Europe où certains pays ont supprimé ou baissé les aides à l’achat. Cet accueil mitigé des nouveaux modèles VE incite Volkswagen à reconsidérer ses plans. Le groupe a récemment décidé de consacrer un tiers des 180 milliards d’euros au développement des moteurs à essence et diesel. Arno Antlitz, son directeur financier et opérationnel, a confirmé cette nouvelle ambition.

Les investissements de Volkswagen iront vers Skoda

Selon le CFO de Volkswagen, ce changement stratégique vise à maintenir la compétitivité des voitures à combustion tout en poursuivant le développement des VE. Dans la pratique, les investissements iront vers Skoda, officiellement en charge des moteurs thermiques pour toutes les marques de la famille Volkswagen. La Skoda Fabia, par exemple, devrait donc bénéficier d’un renouvèlement pour rester au catalogue jusqu’à la fin de la décennie. La Polo et la Seat Ibiza devraient aussi jouir d’une version restylée pour durer plus longtemps.

Des prévisions trop optimistes sur les VE

Cette réorientation stratégique de Volkswagen illustre les réalités du marché des véhicules électriques. Les automobilistes ne sont plus aussi convaincus qu’auparavant, alors que les partis écologistes perdent du terrain en Europe. Ils préfèrent garder leurs moteurs à combustion interne ou opter pour les hybrides. Visiblement, les prévisions optimistes des marchés devraient être revues à la baisse. On ne voit plus vraiment les VE comme un moyen efficace de faire baisser la pollution et la consommation énergétique.

Plusieurs autres marques ont revu leur ambition

Il faut dire que les véhicules électriques ont certains inconvénients. Parmi lesquels une autonomie limitée des batteries, un temps de recharge long et une durée de vie courte, une faible disponibilité de bornes de recharge et un coût très élevé des voitures. Face au désintérêt croissant des clients, Volkswagen a jugé bon de temporiser, en attendant d’y voir un peu plus clair. Et il n’est pas le premier groupe à rétropédaler. Mercedes, Kia, Land Rover, GM, Bentley ou encore Ford ont aussi prolongé les moteurs thermiques, qui n’ont visiblement pas dit leur dernier mot.

Renault et Airbus préparent la batterie électrique de demain

Une voiture électrique dans une station de recharge.

 

Renault et Airbus viennent de signer un accord pour le développement d’une batterie électrique, qui pourra doubler la densité d’énergie stockée. Ce composant nouvelle génération servira aux voitures électriques et à de futurs avions hybrides.

Lever le problème du stockage de l’énergie

Après TotalEnergies et PSA (Stellantis) en 2020, c’est au tour de Renault et Airbus de se lancer dans la conception d’une batterie électrique innovante. En effet, les deux groupes viennent de signer un accord de recherche et développement afin d’accélérer la fabrication d’un tel composant. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’électrification des deux entreprises, en quête d’une amélioration de leur gamme respective de produits.

Ce partenariat inédit entre un acteur de l’automobile et un autre de l’aéronautique consistera en la collaboration des ingénieurs. Les spécialistes d’Airbus et de Renault partageront leurs connaissances sur l’électrification et le stockage de l’énergie, qui reste l’un des freins majeurs du développement des véhicules électriques à grande autonomie. Ils devront concrètement mettre au point une batterie solide, afin de remplacer les batteries lithium-ion actuelles.

Jusqu’à 40% de gain en capacité énergétique

Pour y parvenir, les ingénieurs s’attaqueront en priorité au problème de l’électrolyte. Cette substance conductrice fait la liaison entre le pôle moins et le pôle plus de la batterie électrique. Mais, elle entraîne un risque de combustion. C’est pourquoi, il faudra déployer des contremesures efficaces et sûres. Renault construit déjà des sortes de « sarcophages » autour des batteries. Cela permet de limiter le risque de combustion en cas d’accident et de choc. Cependant, cette précaution augmente de jusqu’à 20% le coût de la batterie.

Avec sa suppression, Renault pourrait accélérer la fabrication de ses voitures électriques. Le prix de ces véhicules baisserait à terme et ils gagneraient en autonomie. Du côté d’Airbus, on pourrait désormais utiliser l’électricité des batteries pour autre chose que le cockpit et les cabines durant le vol. Selon Sabine Klauke, directrice de l’ingénierie du constructeur européen, la batterie nouvelle génération pourra délivrer plus de 1.000 watts par litre contre environ 700 actuellement. Ce qui représente un gain de 30 à 40% en capacité énergétique.

Réduire à zéro son empreinte carbone

La responsable évoque la possibilité de réaliser un décollage 100 % électrique et de recharger les batteries pendant le vol. Elle entrevoit également la conception de futurs avions hybrides, capables de traverser la France sans escale, donc sans avoir besoin de recharger. Pour aller plus loin, son groupe souhaite prendre en compte le cycle de vie complet des futures batteries, de la production à la recyclabilité.

Avec ce projet, Airbus et Renault rêvent de réduire leurs émissions nettes de carbone à zéro d’ici 2050. Cet objectif fait partie des priorités du constructeur européen d’autant que le secteur aérien fait face au mouvement de « flight shaming ». On l’accuse en particulier de faire du greenwashing et de polluer. Airbus et Renault espèrent produit une première batterie d’ici 2030-2035. Mais ils n’ont pas encore décidé d’un partenariat industriel.