De nouvelles pistes de taxation des hauts revenus ?

Le contexte social dans lequel est plongé le pays a rendu le gouvernement fébrile, hésitant, dépendant de la parole -rare- du chef de l’Etat. Il s’agit pour l’exécutif de revenir sur le devant de la scène avec ses propositions et de ne pas rester en défense contre celles des Gilets Jaunes.

Si le gouvernement tente actuellement de détourner le débat sur les lenteurs administratives et le coût de la fonction publique, thèmes très peu ou jamais présentés comme tel par les Gilets Jaunes, il n’en reste pas moins que les demandes de répartition des richesses dans le pays ressortent en permanence. Dans ce contexte la suppression de la taxe d’habitation pour les 20% les plus riches est un sujet apte à tendre les débats. Hier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux a explique à la radio que le maintien de la taxe était « sur la table ». « La promesse de campagne de la supprimer pour 80 % des Français (…) est mise en place » et le gouvernement se penche désormais sur « la question des 20 derniers pour cent », a expliqué monsieur Griveaux.

Du côté de Bercy, on affirme qu’« il y a des sujets déjà votés par le Parlement, comme la suppression de 80 % de la taxe d’habitation, la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune [ISF] en impôt sur la fortune immobilière [IFI] ou la “flat tax”. Mais la situation politique a changé, et le grand débat national doit traiter de fiscalité. On ne va pas arriver avec des réponses toutes faites ». Si le gouvernement ne compte pas arriver avec des réponses toutes faites, il ne compte pas non plus écouter les demandes des gilets jaunes.

Le gouvernement offensif sur l’impôt des grands groupes

Les dirigeants d’entreprises cotées en bourse ou celles dont l’Etat est actionnaire devront « impérativement » verser leurs impôts en France, a préciser le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin dans une interview au Journal du dimanche. « Comme l’a dit le président de la République, les dirigeants d’entreprises cotées ou dont l’Etat est actionnaire doivent impérativement être résidents fiscaux français » a-t-il ajouté.

Le ministre s’est voulu offensif sur le dossier. « Nous sommes en train de nous en assurer et nous sommes prêts à prendre toutes les mesures nécessaires si tel n’était pas le cas », a-t-il précisé, affirmant que « la suppression de l’ISF, qui était un impôt absurde, doit aller de pair avec un certain civisme fiscal ».

Dans sa réponse au mouvement des «gilets jaunes», le président Emmanuel Macron avait déclaré dans la première quizaine de décembre que « le dirigeant d’une entreprise française doit payer ses impôts en France et les grandes entreprises qui y font des profits doivent y payer l’impôt ».

A propos du le prélèvement de l’impôt à la source, qui est entré en application hier, le ministre ne semble pas s’attendre à d’importantes tentatives de fraude. « Ce gouvernement fait confiance aux entreprises (qui devront collecter l’impôt). Et si dans tout système, il peut y avoir des fraudes, l’administration sera vigilante, mais notre rôle est d’accompagner l’entreprise », a-t-il déclaré.

« Qu’il soit en tout cas certain que si, pour une raison ou une autre, l’impôt n’est pas acquitté normalement, ce sera sans aucune conséquence pour le particulier », s’est voulu rassurant le ministre.