Etats Unis : la Cour suprême s’attaque au droit à l’avortement

Le siège de la Cour Suprême des Etats Unis.

 

Selon un document que s’est procuré le site Politico, la Cour suprême voudrait restreindre le droit à l’avortement en revenant sur la jurisprudence « Roe versus Wade ». Cette information provoque une série de réactions et de manifestations des pro IVG aux Etats Unis depuis mardi.

Une question morale profonde pour le juge

Le lundi 2 mai, le site Politico a provoqué une onde de choc aux Etats Unis en révélant que la Cour suprême américaine se prépare à réviser le droit à l’avortement. Cette information explosive s’appuie sur la fuite d’un document inédit, daté de février. La très respectable institution du pays de l’Oncle voudrait ainsi revenir sur l’arrêt « Roe versus Wade ». Adoptée en 1973, cette loi protège le droit des Américaines à interrompre leur grossesse.

L’auteur de l’avant-projet, le juge conservateur Samuel Alito, considérerait cette jurisprudence comme totalement infondée dès le début. Selon lui, la Constitution autorise les citoyens de chaque Etat à réglementer ou à interdire eux-mêmes l’avortement. Elle n’imposerait donc pas une règle générale. Pourquoi? Parce qu’il s’agirait d’une « question morale profonde », hors de portée « de l’histoire et des traditions de la nation ». Le magistrat balaie donc du revers de la main les progrès sociaux réalisés depuis plusieurs années.

Des manifestations pro et anti IVG

S’il était adopté prochainement, le texte de la Cour suprême permettrait à chaque Etat d’autoriser ou non les avortements. Ce que demandent justement les républicains. Une grande majorité de leurs gouverneurs ont déjà mis en place des restrictions qui rendent l’interruption volontaire de grossesse (IVG) difficile, voire impossible. Les élus conservateurs bloquent d’ailleurs une proposition de loi en faveur de la généralisation formelle de cette pratique aux Etats Unis.

Quelques-uns de leurs partisans ont manifesté leur joie devant le siège de la Cour Suprême le mardi dernier. Tout comme les défenseurs du droit à l’avortement, qui se trouvaient de l’autre côté du bâtiment situé à Washington. Ces pro IVG sont également descendus dans les rues de Manhattan (New York) avec le drapeau vert, cette couleur symbolique de l’avortement. D’autres marches de protestation ont eu lieu dans diverses villes des Etats Unis.

Joe Biden prend position

Largement favorables au droit à l’avortement, les élus démocrates ont fustigé l’intention de la Cour Suprême. En premier, Joe Biden, un fervent catholique qui entretenait jusqu’alors une position ambigue sur l’IVG. Ayant enfin pris partie pour cette pratique à l’aube de son accession à la Maison Blanche, le président américain a qualifié mardi l’accès à l’avortement de droit « fondamental ». Il a appelé les Américains à défendre ce droit en votant massivement aux élections législatives de novembre prochain.

Pour sa part, la vice-présidente américaine Kamala Harris a déclaré l’état d’urgence pour préserver les droits des femmes en Amérique. Elle a dénoncé un projet de loi qui annulerait près de 50 ans d’acquis. En outre, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, ont tous les deux indiqué dans un communiqué que la décision constituerait « une abomination ». Ils la considèrent comme l’une des « pires » et « dommageables de l’histoire moderne ».