Cryptomonnaie, le sport pour convertir les masses ?

Les devises virtuelles bien qu’enregistrant de nouveaux adeptes chaque jour, sont toujours en proie à l’hostilité des pouvoirs publics. Mais cela pourrait très vite changer grâce au concours du monde sportif.

Le bitcoin est désormais une monnaie légale au Salvador, MasterCard après Visa et PayPal, envisage de l’accepter pour ses transactions. Chaque nouveau jour avec son lot de nouveaux adhérents aux cryptomonnaies. Et pourtant, la perspective d’user d’une monnaie numérique au même titre que celle fiduciaire, reste encore très peu admise, voire exécrée par une large partie des gouvernants. De Paris à Washington, sans oublier Londres ou encore Bruxelles, la crainte vis-à-vis des devises virtuelles reste la même : une trop grande volatilité couplée à un manque de régulation préjudiciable au fonctionnement de l’économie, selon ses détracteurs. D’où le haro régulièrement lancé contre les acteurs du secteur dans les cercles décisionnaires.

Pour autant, les adeptes des cryptomonnaies ne désarment pas. Convaincus de tenir à travers ces devises numériques le moyen d’échange de demain, les crypto-fans rivalisent d’initiatives pour tenter de rallier le plus de monde possible à leur cause. À cet égard, l’univers du sport semble constituer pour eux un tremplin. C’est en tout cas ce que démontre la tendance en cours depuis quelques années.

La crypto à la mode

Au football, Lionel Messi vient de se voir rémunérer avec des fans tokens de Socios, entreprise émettrice de ces devises numériques spécialement dédiées aux fans du sport. Le même Socios est également présent sur les maillots des équipes comme la Juventus Turin ou Watford. En Italie, crypto.com vient d’être plébiscité parmi les sponsors officiels de la ligue de football. Aux États-Unis, la firme FTX totalise à elle seule des accords publicitaires d’un montant de 360 millions de dollars dans des domaines aussi variés que le basketball, le baseball et le esport.

Progressivement, les cryptomonnaies s’emparent d’un monde sportif jamais en marge d’une opportunité de se faire de l’argent. L’addiction de cet univers friand des gros investissements aux jeux d’argent en est une illustration. Les acteurs du sport sont toujours prêts à s’engager pour peu qu’il y ait au bout une promesse de gains. Et les ressources financières ne sont pas un problème pour les investisseurs en cryptodevises.  Ce dont ils ont besoin eux, c’est d’arriver à élargir suffisamment leur base afin que les monnaies virtuelles poursuivent leur trajectoire ascendante de ces derniers mois. Il naît dès lors un mariage de raison entre les deux acteurs. Jusqu’à quand ?

L’énorme coup du fan token grâce à Messi

La cryptomonnaie des fans de sports a contribué au paiement d’une partie du transfert du sextuple Ballon d’Or par son nouveau club, le PSG. De quoi booster la notoriété de cette monnaie virtuelle déjà adoptée par plusieurs grandes écuries européennes.

Lionel Messi est officiellement devenu depuis sa signature à Paris, le premier joueur de football au monde à recevoir une rémunération en fans tokens. L’information d’abord dévoilée en exclusivité par l’agence Reuters le 12 août dernier a été confirmée par le club francilien dans un communiqué tard le même jour.

Plusieurs sources croient savoir que c’est une partie du montant de la prime à la signature de l’ancien numéro 10 du FC Barcelone estimée à 25 millions d’euros nets selon les médias dont les plus crédibles, qui a été versé au joueur en fans tokens. Impossible toutefois de savoir dans quelle proportion cela a été réalisé. Le club francilien n’ayant guère communiqué sur le sujet.

Droit de regard

Les fans tokens sont un type de cryptomonnaie dans la même lignée que le bitcoin ou le dogecoin, deux des plus célèbres monnaies numériques du marché. De ce point de vue, elles servent à effectuer toutes les transactions possibles avec la monnaie fiduciaire. Mais leur but premier n’est pas celui-là. Créés par l’entreprise Socios, les fans tokens sont d’abord destinés comme leur nom l’indique, aux fans sportifs. L’acquisition de ces jetons offre à son propriétaire un droit de regard sur certains aspects de son club. Il peut s’agir par exemple de voter pour le meilleur but de la saison ou de se prononcer sur le choix du meilleur joueur de la saison. Un droit de regard sur des aspects plutôt mineurs donc, mais qui contribue à raffermir les liens entre le club et ses supporters.

Les fans tokens permettent également d’acquérir des cartes à l’effigie des joueurs en jetons non-fongibles (NFT en anglais), ces formes d’objet d’art numérique unique dont le marché est actuellement en plein essor.

L’effet Messi

Plusieurs clubs de football se sont à ce jour associés à Socios pour ses cryptomonnaies. C’est le cas de la Juventus, du FC Barcelone ou encore du PSG bien évidemment. Ce dernier, le plus ancien de cette liste non exhaustive, a d’ailleurs fait bondir de 150% la valeur de ses tokens avec l’arrivée de Lionel Messi dans la capitale parisienne. Un regain de forme spectaculaire pour une monnaie en petite forme ces derniers mois. Les spéculations, caractéristiques de ces devises virtuelles, vont bon train.

Naissance d’une cryptomonnaie anti-Elon Musk

Les créateurs de StopElon ont un objectif ultime : évincer le milliardaire américain de Tesla, afin de faire cesser ce qu’ils qualifient de manipulations du cours des portefeuilles virtuels de sa part.

Dans le domaine des cryptomonnaies, il y a ceux qui agitent le marché et les autres qui en subissent les conséquences. Hélas, les agissements des premiers ne font pas toujours les affaires des seconds. C’est le cas entre Elon Musk et certaines devises comme le bitcoin ou le dogecoin. Fort de son influence sur le web, le patron de Tesla fait fréquemment valser à sa guise le cours des monnaies virtuelles, au grand dam de cette communauté qui goûte de moins en moins de tels agissements. Certains ont ainsi décidé de passer à l’offensive afin de réduire l’influence du milliardaire américain sur le marché des cryptomonnaies.

Une nouvelle monnaie virtuelle vient d’être créée à cet effet. Baptisée du nom évocateur de StopElon, elle a une mission bien précise : acquérir suffisamment de valeurs pour faire tomber Elon Musk de Tesla, l’entreprise de production automobile électrique dirigée par le natif Prétoria. StopElon créée le 15 mai dernier pèse aujourd’hui 60 millions de dollars, bénéficiant d’un accueil favorable du marché. Les créateurs en veulent au patron de Tesla qu’ils qualifient tour à tour de « manipulateur » et de « milliardaire narcissique ».

Le bitcoin et le dogecoin au plus mal

Ils en veulent notamment à Elon Musk pour sa responsabilité dans la dégringolade du bitcoin et du dogecoin, deux monnaies virtuelles autrefois hissées au firmament par l’intéressé. Le quinquagénaire a effet annoncé il y a quelques jours à la surprise générale que son entreprise Tesla, n’accepterait plus de transaction en bitcoin. Motif : le minage excessivement polluant de cette reine des cryptomonnaies. Le dogecoin a lui été tout bonnement qualifié d’escroquerie de sa part. Dans les deux cas la conséquence a été immédiate pour les deux monnaies dont la valeur ne cesse depuis de chuter.

La volte-face d’Elon Musk est d’autant plus intrigante qu’il intervient quelques mois seulement après ses précédentes prises de position en faveur de ces mêmes monnaies. Un retournement de veste dont il est coutumier et qui n’agrée manifestement pas les géniteurs de StopElon.

Un shitcoin de plus ?

Reste désormais à savoir si ces derniers pourront parvenir à leur mission. Car le web a vu fleurir ces dernières années des cryptomonnaies de ce genre. Souvent désignées par « shitcoin » en anglais, ces monnaies virtuelles ont pour particularité de profiter du contexte pour enrichir leur créateur.