Bruxelles suspend ses représailles face aux taxes de Trump

L’Union européenne met en pause ses contre-mesures face aux droits de douane américains. En coulisses, les industriels s’adaptent ou préparent leur exil.
Une trêve stratégique entre Bruxelles et Washington

La Commission européenne a annoncé mardi 5 août la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de ses mesures de représailles commerciales à l’encontre des États-Unis. Cette décision fait suite à des discussions en cours entre les deux puissances sur un accord commercial global. Pour Bruxelles, ce gel ne marque pas une renonciation, mais plutôt un choix tactique dans une phase diplomatique délicate. L’objectif est clair : ne pas crisper davantage un partenaire américain devenu, sous l’impulsion de Donald Trump, aussi imprévisible que décisif.

Les termes précis des discussions restent volontairement flous. Ni Bruxelles ni les secteurs concernés ne souhaitent dévoiler leurs cartes, de crainte de fragiliser leur position face à une Maison-Blanche réputée pour son caractère volatil. « Le diable est dans les détails », glisse-t-on à la Commission, où l’on joue la montre pour préserver les maigres marges de négociation encore disponibles. Tous les regards sont tournés vers les secteurs stratégiques, où la moindre concession pourrait entraîner des répercussions profondes.

Le président américain n’hésite pas à alterner menaces et promesses, parfois en l’espace de quelques heures. Face à cet imprévisibilité revendiquée, les Européens tentent de composer avec un partenaire capable de bouleverser l’équilibre commercial mondial. Pour les négociateurs européens, toute déclaration publique pourrait devenir un levier pour Washington. D’où le silence pesant, mais stratégique, de nombreux industriels et responsables européens.

Des secteurs économiques sous tension

Jusqu’ici, le secteur aéronautique semble préservé des surtaxes américaines. Un répit relatif que ne connaissent pas d’autres secteurs industriels comme les vins, les spiritueux, ou l’automobile. Ces derniers, très exposés aux fluctuations commerciales transatlantiques, craignent une déstabilisation de leur compétitivité. Les produits européens sont mécaniquement désavantagés face aux équivalents américains, protégés par des tarifs douaniers avantageux.

Les grands groupes à haute valeur ajoutée disposent de marges plus confortables pour absorber les coûts supplémentaires. À l’inverse, les PME et les secteurs intermédiaires (cosmétiques, outillage, produits chimiques) s’inquiètent de leur faible résilience. Les calculs sont en cours dans chaque entreprise pour évaluer l’impact des barrières tarifaires. L’ajustement pourrait, à terme, passer par une adaptation des chaînes de production, voire un changement stratégique de localisation.

Certains géants, notamment du secteur du luxe, semblent mieux armés pour faire face à ces tensions. Leur pouvoir de marque et leur capacité à intégrer les taxes dans le prix final constituent un avantage concurrentiel. Ce n’est pas le cas de l’ensemble des filières industrielles, où l’exposition au marché américain est forte mais la marge de manœuvre étroite. La redistribution des cartes se joue déjà dans les conseils d’administration, loin des micros.

Relocalisations américaines : entre calcul et silence

Face à l’alourdissement du coût des exportations vers les États-Unis, plusieurs industriels envisagent de franchir le pas : produire sur place. C’est l’un des moyens les plus sûrs d’éviter les droits de douane. La promesse d’un taux d’imposition plus favorable sous l’administration Trump rend l’option encore plus séduisante. Pourtant, peu d’entreprises osent le dire ouvertement, de peur d’une réaction politique en France ou à Bruxelles.

L’Oréal réalise près de 40 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis. Son directeur général, Nicolas Hieronimus, n’exclut pas de relocaliser une partie de la production sur le sol américain. Pas de précisions supplémentaires, mais l’idée est lancée. De son côté, Sanofi a déjà franchi le pas : en mai dernier, le groupe pharmaceutique français a annoncé un investissement massif de 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030. Une décision qui en dit long sur les arbitrages en cours dans les grandes entreprises européennes.

Face à ces mouvements potentiels, Bercy reste sur ses gardes. Le ministre de l’Économie et des Finances, Éric Lombard, n’a de cesse d’en appeler au patriotisme économique et au respect de la souveraineté industrielle française. Mais les logiques d’implantation répondent à d’autres considérations : accès au marché, fiscalité, stabilité réglementaire. Si la tendance se confirme, la France pourrait voir s’amorcer une nouvelle vague de délocalisations… silencieuses.



Cafouillage à la tête de l’exécutif sur la question de la taxation de l’héritage

Le sujet est sensible et les français massivement contre ce qui explique la réaction de Macron aux propos de Christophe Castaner qui avait déclaré il y a trois jours s’autoriser « une réflexion sans tabou » sur la question et que l’impôt sur les héritages « est complexe, mal accepté, il n’a pas vraiment suivi l’évolution de la société et les nouvelles formes familiales ».

Le journal Le Monde a révélé en juin 2018 que trois économistes proches du président (Jean Pisani-Ferry, Philippe Martin et Philippe Aghion) lui avait suggéré d’augmenter d’une façon importante les taxes sur les successions importantes afin de lui conférer un côté social qui lui manquait cruellement et ce dès 2017. Actuellement, la taxation suit un barème progressif en fonction de différents critères (lien de parenté, importance des sommes léguées) et ce allant jusqu’à 60% du total.

Christophe Castaner affirmant vouloir lutter contre la « progression des inégalités de naissance » a été retoqué par le président lundi après-midi avec des propos assez durs. Selon BFMTV, il aurait déclaré en privé : « on a demandé des efforts aux retraités mais maintenant arrêtez de les emmerder ! ». Pourtant, cette idée de taxation -très certainement plus lourde- serait tout à fait concordante avec ce que le futur président de la République déclarait en septembre 2016, déplorant que l’on favorise « la rente de situation au détriment de la rente d’innovation ».

Redressements fiscaux pour 21,2 milliards

En 2015, les redressements fiscaux français ont concerné 21,2 milliards d’euros. Une hausse record qui récompense les efforts des autorités en matière de lutte contre la fraude fiscale.

Cette annonce a été faite par le ministère des Finances, à l’occasion d’une visite du ministre Michel Sapin à la Direction des vérifications nationales et internationales.

L’année précédente, l’administration fiscale avait procédé à des redressements fiscaux portant, au total, sur un montant inférieur de 1,4 milliard.

Au niveau des recettes, l’augmentation est de 17%, avec 12,2 milliards récupérés par Bercy.

La France a récupéré en 2015 21,2 milliards d’euros.