Sony se jette sur Bungie, à corps perdu ?

La firme japonaise va racheter l’éditeur des jeux Halo et Destiny contre 3,6 milliards de dollars. L’opération est considérée comme une réponse à l’acquisition d’Activision par Microsoft. Mais sa portée reste limitée.

Sony ne compte pas rester en marge du bouleversement en cours dans le secteur des jeux vidéo. L’entreprise nippone a annoncé avoir acquis contre 3,6 milliards de dollars selon Bloomberg, Bungie. Un studio basé à Chicago connu pour avoir développé des jeux d’actions dont les plus réputés sont « Halo » et « Destiny » disponibles respectivement sur Xbox et PlayStation.

L’opération sujette à l’approbation de l’autorité américaine de régulation verra les dirigeants actuels de Bungie maintenus à leur poste, à en croire Sony. Elle représente la plus grosse acquisition de l’histoire de la branche dédiée aux jeux en ligne du conglomérat japonais. D’où sa position dans le quintet des transactions de ce dernier en termes de valeur, selon FactSet, spécialiste des données financières cité par le Wall Street Journal (WSJ).

Timide réplique

Sony ne l’a pas expressément dit, mais cela semble pour le moins évident au vu de la concomitance des faits. L’acquisition de Bungie par le géant de l’électronique intervient moins d’un mois après le rachat par son concurrent Microsoft du studio Activision Blizzard contre une somme record de 68,7 milliards de dollars. Une opération gigantesque dont les secousses avaient provoqué la chute de 14% du cours de l’action de Sony la semaine de l’annonce, selon les observations du WSJ.

Mais cette réponse du berger à la bergère pourrait bien n’en être pas une en réalité. Et ce, pour quelques raisons. À moins qu’il ne s’agisse du premier acte d’une stratégie à venir de la part de Sony.

Disparités en termes de niche de croissance

D’abord parce que Microsoft autrefois propriétaire de Bungie, au début des années 2000 notamment, détient toujours la licence d’exploitation de Halo, une des plus prisées franchises du studio. Ce qui explique sa présence exclusive sur Xbox, la console produite par le géant des logiciels, pour le moment.

La firme informatique ne devrait par ailleurs, rien craindre de cette future alliance Sony-Bungie en raison du poids relativement léger de ce dernier sur le marché des jeux en ligne comparé à Activision. À titre d’illustration, le jeu Call of Duty du mastodonte californien est le plus vendu aux États-Unis annuellement depuis 2010, selon la société NPD Group.

C’est dire que Sony aura fort à faire dans la course lucrative aux parts de marché des jeux avec Microsoft.

Activision fait le ménage

Le géant des jeux vidéo s’est séparé, après des enquêtes internes, de plusieurs employés accusés de harcèlement sexuel et autres discriminations sur le lieu du travail. Cela porte à 40 le nombre d’indélicats remercié depuis l’éclatement de l’affaire il y a sept mois.

Après des années de léthargie sur des accusations aussi graves que celles d’inconduite sexuelle, Activision Blizzard semble avoir décidé d’agir. Et cela passe manifestement par le passage de l’entreprise au Kärcher. En témoignent les actions des responsables au cours des derniers mois.

Ils ont annoncé lundi 17 janvier avoir récemment mis à la porte des employés épinglés, sans en mentionner le nombre. On sait en revanche, grâce au communiqué publié par le groupe, que les travailleurs licenciés par l’éditeur des jeux vidéo depuis le début de ce scandale se chiffrent désormais à 37. 44 autres ont été réprimandés, ajoute Activision qui paie à travers cette affaire, des années d’inaction.

Culture de l’impunité

Le fabricant de certaines des franchises les plus prisées du secteur des jeux en ligne, dont « Call of Duty », « Candy Crush » ou encore « World of Warcraft », a été mis face à ses responsabilités en juin 2021 par un tribunal de Los Angeles saisi d’une plainte. Cette dernière, émanant d’une agence fédérale de la Californie, accuse notamment plusieurs employés de comportements inconvenants au travail. Cela va du harcèlement sexuel aux discriminations, sans oublier le sexisme. Même des cas de viol ont été rapportés via des faits qui pour la plupart datent de plusieurs années. En toute impunité, puisque la hiérarchie de la société n’aurait rien fait pour tenter d’apaiser les victimes présumées.

Au contraire, le patron Robert Kotick alias Bobby Kotick, aurait tout mis en œuvre pour couvrir les employés indélicats, à en croire les plaignants. À la grande indignation des autorités fédérales qui ont depuis, accru la pression sur le groupe. Avec succès, au regard de la politique de la tolérance zéro désormais de mise chez Activision.

Patron décrié

Il reste cependant à trancher le cas Bobby Kotick, devenu indésirable au sein de l’entreprise. Le Wall Street Journal (WSJ) révèle à cet effet que près de 20% des employés souhaitent évincer l’inamovible patron de la direction. Mais le quinquagénaire homme d’affaires résiste à la tempête après avoir pourtant songé à rendre le tablier, l’année écoulée au fort temps du scandale, toujours selon le WSJ.

Microsoft propriétaire d’Activision depuis son rachat cette semaine contre un peu moins de 70 milliards de dollars, va-t-il maintenir en place le dirigeant encombrant ?