La guerre en Ukraine : un budget russe sous pression

Le Kremlin consacre une part record de son budget 2025 à l’effort militaire, témoignant des priorités du régime face aux défis stratégiques. Mais cette mobilisation s’accompagne de sacrifices sociaux et de tensions économiques croissantes, révélant une Russie en quête d’équilibre entre puissance militaire et stabilité intérieure.

Une priorité absolue : l’effort de guerre

En 2025, le budget militaire russe atteindra 13 500 milliards de roubles, une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse illustre l’engagement total de la Russie dans le conflit en Ukraine, mais aussi le poids grandissant du secteur militaire dans les finances publiques. Depuis 2022, les dépenses militaires ont explosé, reléguant les investissements sociaux au second plan. Le Kremlin justifie cet effort par la nécessité de maintenir une supériorité stratégique face aux soutiens occidentaux à l’Ukraine. Cependant, ces choix budgétaires suscitent des interrogations quant à leur soutenabilité à moyen terme, alors que d’autres secteurs cruciaux sont laissés pour compte.

Au-delà du budget militaire, les dépenses liées à la sécurité intérieure atteignent des sommets, portant à 40 % la part du budget fédéral consacrée à ces postes. Ces chiffres incluent les fonds classés « secrets », difficilement traçables mais cruciaux pour comprendre l’orientation stratégique russe. Le Kremlin semble ainsi privilégier une approche de forteresse assiégée, où la défense du territoire et la sécurité de l’État prennent le pas sur des investissements orientés vers le bien-être de la population. Cette militarisation des finances publiques s’inscrit dans une logique où l’effort de guerre devient central, quelles qu’en soient les conséquences sociales.

Les régions ukrainiennes annexées reçoivent une enveloppe de 1 300 milliards de roubles pour leur « restauration ». Ce montant, six fois supérieur à celui alloué au développement de l’Extrême-Orient russe, démontre la volonté du Kremlin de consolider sa présence dans ces zones stratégiques. Les projets incluent des infrastructures de base, des logements et la reconstruction d’espaces publics. Cependant, les coûts faramineux de cette entreprise posent la question de leur faisabilité, alors que d’autres régions russes restent en manque criant d’investissements. Ce choix budgétaire pourrait exacerber les tensions internes dans une Russie déjà fragilisée par les disparités régionales.

Une société mobilisée pour la guerre

Pour maintenir les rangs de son armée, le Kremlin s’appuie sur des primes sans précédent, atteignant jusqu’à 1,9 million de roubles pour les soldats sous contrat à Moscou. Ces primes, qui peuvent représenter plus de cinq fois le salaire moyen annuel, visent à attirer des volontaires malgré les risques élevés liés au front ukrainien. Mais ce mécanisme soulève des questions. D’une part, il alimente des inégalités croissantes entre les travailleurs civils et militaires. D’autre part, il met en lumière la difficulté de recruter dans un contexte de désillusion croissante parmi la population face à la prolongation du conflit.

Les tensions sur le marché du travail atteignent un niveau critique, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’industrie lourde ou les infrastructures. Face à cette pénurie, le ministère du Travail propose d’ouvrir des métiers traditionnellement masculins aux femmes, notamment dans les mines. Cette mesure, bien que potentiellement efficace à court terme, illustre la difficulté du régime à gérer les impacts de la guerre sur l’économie nationale. De plus, elle souligne le poids croissant des exigences militaires sur la société civile, transformant en profondeur les dynamiques sociales et professionnelles en Russie.

Au-delà des recrutements militaires, les citoyens russes doivent affronter une hausse des impôts ciblant les plus riches, présentée comme une mesure de « justice sociale ». Cette stratégie vise à atténuer le mécontentement tout en finançant l’effort de guerre. Pourtant, dans un contexte de forte inflation et de stagnation économique, ces mesures risquent de peser lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Cette situation, combinée à une hausse générale des prix, pourrait accroître les tensions sociales et miner le soutien populaire au régime, malgré les efforts de propagande.

Une économie fragilisée par le conflit

L’économie russe est confrontée à une inflation galopante, avec des prévisions de hausse du taux directeur de la Banque centrale à 20 %. Ce niveau critique, rappelant les chocs économiques du printemps 2022, reflète les difficultés croissantes à maîtriser les effets des sanctions occidentales. Pour les ménages, cela se traduit par une flambée des prix des biens de première nécessité, tandis que les entreprises voient leurs coûts de financement s’envoler. Cette spirale inflationniste risque de compromettre les ambitions économiques du Kremlin à long terme.

Malgré les efforts pour diversifier ses partenariats internationaux, la Russie continue de ressentir les effets des sanctions imposées par les pays occidentaux. Les restrictions sur les technologies clés et les échanges financiers limitent la capacité du pays à moderniser son économie et à compenser les pertes liées au conflit. Ce contexte force Moscou à rediriger ses ressources vers des secteurs à faible valeur ajoutée, aggravant sa dépendance au secteur énergétique et réduisant ses perspectives de croissance durable.

L’allocation disproportionnée des ressources au secteur militaire pourrait compromettre l’équilibre budgétaire à moyen terme. En négligeant les investissements dans les infrastructures civiles, l’éducation et la santé, le Kremlin s’expose à des défis structurels majeurs. De plus, le poids croissant de la dette publique, bien que maîtrisé pour l’instant, pourrait devenir un facteur d’instabilité si la guerre venait à s’éterniser. Cette gestion budgétaire, orientée presque exclusivement vers la guerre, menace ainsi de fragiliser les fondations économiques et sociales de la Russie.



Budget 2025 : la France sur la voie de la Grèce ?

Le dépassement temporaire des taux d’emprunt français par ceux de la Grèce a provoqué un choc symbolique. Entre tensions politiques et défis économiques, la comparaison soulève des questions sur la trajectoire budgétaire du pays.

Un choc symbolique mais un contexte différent

Le 27 novembre 2024, pour la première fois, le taux des emprunts à 10 ans de la France a brièvement dépassé celui de la Grèce. Cet événement, bien que temporaire, a suscité de vives réactions. Michel Barnier, interrogé sur TF1, a qualifié ce moment de « très grave », soulignant une situation financière délicate. Ce dépassement incarne un symbole inquiétant : la France, l’une des premières économies mondiales, est mise sur le même plan que la Grèce, jadis emblématique de la crise de la dette en Europe.

Malgré cette comparaison, les différences structurelles entre les deux pays sont notables. Avec une population six fois supérieure à celle de la Grèce et un PIB par habitant deux fois plus élevé, la France bénéficie d’une base économique plus solide. Son patrimoine économique national, estimé à 20 000 milliards d’euros, témoigne de la résilience de ses actifs. Par ailleurs, son ratio dette publique/PIB, à 110 %, reste inférieur à celui de la Grèce, qui s’élève à 160 %.

Pour Antoine Armand, ministre de l’Économie, cet épisode est un rappel : certains pays, comme la Grèce, ont entrepris des réformes drastiques pour stabiliser leurs finances. « Si nous faisons cet effort ensemble, demain nous pourrons investir », a-t-il déclaré. L’urgence d’engager des mesures budgétaires concrètes semble d’autant plus pressante dans un contexte où les taux français restent également supérieurs à ceux de l’Espagne, du Portugal ou encore de l’Italie.

Une instabilité politique aggravante

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le climat politique est marqué par une incertitude persistante. L’examen du budget 2025 en est une illustration : menacé par des motions de censure, le gouvernement envisage de recourir à l’article 49.3. Cette situation tendue, où les partis de l’opposition multiplient les conditions, alimente l’inquiétude des marchés face à une éventuelle paralysie politique.

Pour apaiser les tensions, le Premier ministre a annoncé la suppression d’une hausse des taxes sur l’électricité dans le cadre du budget. Si cette décision répond à une demande portée par le Rassemblement national, elle ne satisfait pas totalement l’opposition. Le RN, comme la gauche, reste ferme sur ses critiques concernant un déficit public toujours élevé, renforçant la perception d’un exécutif en difficulté pour imposer sa stratégie budgétaire.

Cette instabilité politique se reflète dans la volatilité des taux d’emprunt de la France. Pour Maud Bregeon, cette dynamique expose le pays au risque « d’un scénario à la grecque ». Toutefois, certains analystes, comme Alexandre Baradez, relativisent : une réduction récente de l’écart entre les taux français et allemands indique que le marché privilégie les actions concrètes, comme les premières mesures d’effort budgétaire, plutôt que les débats politiciens.

Des solutions pour éviter une dérive économique

Le gouvernement met en avant la nécessité de ramener le déficit public à 5 % du PIB en 2025, une réduction cruciale pour restaurer la confiance des marchés. L’objectif est clair : montrer que la France est capable d’amorcer un désendettement progressif tout en maintenant sa capacité d’investissement. Antoine Armand a insisté sur cette ambition, rappelant que l’attractivité et la puissance économique françaises restent des atouts majeurs.

Pour éviter un emballement des taux d’intérêt, des réformes structurelles apparaissent inévitables. L’exemple grec, où des coupes drastiques ont été nécessaires pour stabiliser l’économie, incite la France à agir en amont. Selon les experts, cela passe par une meilleure maîtrise des dépenses publiques, notamment dans les secteurs sensibles comme les retraites ou les aides sociales, tout en évitant des mesures brutales susceptibles d’aggraver les inégalités.

Enfin, certains plaident pour une réponse collective au niveau européen. La mise en place de mécanismes de solidarité financière, combinée à des règles budgétaires adaptées, pourrait offrir un cadre plus stable. En renforçant sa position dans ce concert européen, la France pourrait tirer parti de sa puissance économique tout en évitant les dérives qui ont conduit la Grèce au bord du gouffre.



Radars automatiques : un jackpot pour l’État ?

Les radars automatiques sont omniprésents sur les routes françaises depuis les années 2000, et leur rôle a dépassé celui de la simple sécurité routière. Si leur objectif premier reste de réduire les accidents, les radars se sont imposés comme une source de revenus importante pour l’État.

Les radars et la sécurité routière : des résultats mitigés

L’installation des premiers radars en France, en 2003, visait principalement à réduire la vitesse des automobilistes et, par conséquent, le nombre d’accidents mortels sur les routes. Les radars ont effectivement contribué à une diminution des décès liés aux accidents de la route. En 2002, on comptait près de 8 000 morts par an, contre environ 3 500 en 2010, marquant une forte baisse attribuée en partie aux radars. La Sécurité routière estime que cette réduction est liée aux comportements plus prudents des conducteurs.

La France compte aujourd’hui près de 4 400 radars automatiques, incluant les radars fixes, mobiles, de tronçons et de feux rouges. Ces dispositifs sont installés de manière à couvrir le territoire national et garantir un suivi permanent des infractions, notamment les excès de vitesse. Grâce à cette couverture étendue, le réseau radar permet un contrôle constant, incitant les conducteurs à rester vigilants, mais aussi à ralentir ponctuellement avant de passer les radars, ce qui limite leur efficacité préventive.

Bien que la mortalité sur les routes ait baissé depuis le déploiement des radars, leur impact sur la sécurité routière est parfois questionné. En effet, certaines associations estiment que leur effet est limité et que des campagnes de sensibilisation et une meilleure infrastructure routière auraient un effet préventif plus durable. Une enquête de l’Automobile Club Association en 2020 montre que les radars fixes sont souvent perçus comme des « pièges à PV » plutôt que comme des outils de prévention.

Les radars : une manne financière pour l’État

Outre la sécurité, les radars ont un intérêt financier non négligeable pour l’État. En 2022, les radars ont rapporté près de 760 millions d’euros, principalement issus des amendes pour excès de vitesse. Ces recettes, bien que fluctuantes en fonction des années, constituent un apport stable et significatif aux finances publiques. Une partie de ces revenus est réinvestie dans la sécurité routière, mais une proportion importante alimente aussi le budget général.

Les recettes générées par les radars sont réparties entre différents secteurs. Environ 30 % sont affectés à la sécurité routière, notamment pour l’entretien des radars et le financement des infrastructures. Le reste est destiné à d’autres dépenses, dont le développement des transports en commun et des infrastructures écologiques. En 2022, près de 200 millions d’euros issus des amendes ont ainsi été redirigés vers des projets de mobilité durable.

Pour de nombreux automobilistes, les radars sont perçus davantage comme des dispositifs pour remplir les caisses de l’État que pour assurer la sécurité. Selon un sondage du Parisien en 2021, plus de 60 % des Français estiment que les radars sont installés dans des zones stratégiques où les excès de vitesse sont fréquents mais peu dangereux, renforçant l’idée qu’ils servent plus de “taxe” que de solution de prévention.

Une pression financière sur les conducteurs

Les amendes liées aux radars représentent un poids financier pour les conducteurs. En 2022, environ 12 millions d’infractions pour excès de vitesse ont été enregistrées, générant une moyenne de 68 euros par amende. Pour les automobilistes réguliers, cette somme peut rapidement s’additionner, créant une charge économique non négligeable, notamment pour les ménages modestes.

L’augmentation continue du nombre de radars sur les routes françaises, couplée à des contrôles plus fréquents, met une pression accrue sur les automobilistes. En 2021, des radars mobiles de nouvelle génération ont été déployés, rendant plus difficile pour les conducteurs de prédire où se situent les dispositifs de contrôle. Cette surveillance renforcée vise à réduire les infractions mais contribue également à augmenter les recettes provenant des amendes.

La question de la pertinence et de la rentabilité des radars reste un sujet de débat en France. Alors que l’État continue de défendre leur utilité pour la sécurité routière, une partie de la population y voit un outil de fiscalité indirecte. Les associations de défense des automobilistes appellent à une gestion plus transparente des recettes des radars et à une réaffectation plus importante vers des actions de prévention. Cependant, au vu des millions générés chaque année, les radars demeurent, pour l’État, un allié financier de taille difficile à remplacer.



Armes clandestines : l’envers d’un marché incontrôlable

Malgré les initiatives internationales pour réguler le marché des armes, le commerce noir prospère, alimentant des conflits et des violences à travers le monde. Des réseaux clandestins bien établis, utilisant des technologies modernes, échappent aux contrôles, menaçant la sécurité des États et des populations civiles.

Les racines du commerce noir d’armes

Le commerce noir d’armes repose sur des réseaux clandestins complexes, impliquant trafiquants, intermédiaires et groupes armés. En Afrique de l’Ouest, des pays comme le Nigeria et le Mali sont particulièrement affectés par la prolifération d’armes légères. Ces armes proviennent souvent de stocks non sécurisés ou de surplus militaires vendus au marché noir. Les réseaux sont difficiles à démanteler, car ils exploitent des routes multiples et profitent de la corruption pour contourner les contrôles frontaliers.

Les conflits passés laissent derrière eux d’importants arsenaux facilement accessibles. En Libye, après la chute de Kadhafi en 2011, des milliers d’armes, allant de simples fusils d’assaut à des missiles anti-aériens portatifs, ont été pillées et revendues. Cette prolifération a renforcé les groupes armés au Sahel, déstabilisant davantage la région. De nombreux armements volés de ce type se retrouvent aussi dans d’autres zones sensibles, comme en Syrie et en Irak.

Le commerce d’armes inclut désormais des armes « fantômes », qui sont fabriquées à partir de pièces imprimées en 3D ou assemblées à partir de composants anonymes achetés en ligne. Ces armes échappent aux radars des autorités puisqu’elles sont souvent sans numéro de série. Les États-Unis, notamment, font face à une recrudescence de ces armes « non traçables », qui circulent aussi en Europe. Cette nouvelle technologie rend la tâche des régulateurs encore plus ardue, ajoutant un défi supplémentaire au contrôle du commerce noir.

Les conséquences du trafic d’armes pour la sécurité mondiale

Les armes en circulation dans le marché noir sont un facteur direct d’escalade dans les conflits régionaux. Au Yémen, par exemple, les armes acquises illégalement par les Houthis et d’autres factions exacerbent le conflit, multipliant les attaques et rendant les processus de paix plus précaires. La disponibilité facile d’armement accroît le nombre de victimes civiles, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, où les groupes armés continuent de se renforcer grâce à ce commerce illégal.

Le marché noir d’armes ne se limite pas aux zones de conflit. En Europe, plusieurs attentats terroristes, comme ceux de 2015 en France, ont été perpétrés avec des armes provenant de filières clandestines, souvent via des circuits balkaniques. Ces armes passent par des trafiquants qui agissent en dehors des radars, rendant difficile le contrôle et l’éradication de ces circuits. La présence accrue de ces armes inquiète également les autorités face aux risques de violence armée locale et de montée des groupes criminels.

Les armes du marché noir renforcent les capacités de violence des organisations criminelles. En Amérique latine, les cartels mexicains se procurent des armes, notamment des armes automatiques et des lance-grenades, souvent en provenance des États-Unis. Ces équipements leur permettent de mener des affrontements armés avec les autorités locales et d’étendre leur pouvoir par la force. La violence induite par ces armes a des répercussions économiques et sociales considérables pour les populations locales.

Les efforts de lutte internationale et les défis persistants

Plusieurs organisations internationales, comme l’ONU avec son Programme d’action pour la lutte contre le commerce illicite des armes légères, tentent de limiter la circulation de ces armes. En 2014, le Traité sur le commerce des armes (TCA) a été ratifié par plus de 100 pays pour contrôler le commerce d’armes conventionnelles. Cependant, de nombreux pays ne l’ont pas signé, et les moyens de contrôle restent souvent insuffisants pour endiguer les réseaux clandestins.

Les services de renseignement d’États membres de l’Union européenne, des États-Unis et d’autres pays intensifient leur coopération pour suivre les réseaux de trafic d’armes. En 2020, l’opération Bosporus, menée par Europol, a permis de démanteler un réseau d’armes en Europe de l’Est qui alimentait des groupes criminels en Europe occidentale. Ces initiatives montrent l’efficacité d’une collaboration transnationale, mais les réseaux s’adaptent rapidement, exploitant les failles des systèmes de contrôle.

Face à la montée des armes « fantômes » et à l’accessibilité croissante de composants en ligne, les autorités doivent repenser leurs méthodes de contrôle. Le renforcement des réglementations sur la vente de composants d’armes et le contrôle accru des imprimantes 3D pourraient limiter l’essor de cette nouvelle menace. Cependant, la lenteur législative et les moyens techniques insuffisants entravent les efforts. Des campagnes de sensibilisation et un partage technologique entre pays pourraient être des pistes pour contrer cette prolifération moderne.



La Poste : la révolution des livraisons par drone

Depuis janvier 2024, La Poste a inauguré une ligne expérimentale de livraison de colis par drone dans le massif du Vercors, marquant une nouvelle étape dans l’innovation logistique en France. Il s’agit de la troisième expérimentation du groupe après celles du Var et de l’Isère.

Une solution pour les zones isolées

Les drones, utilisés par La Poste, sont capables de transporter des colis en quelques minutes dans des endroits inaccessibles ou éloignés. Le Vercors, avec ses montagnes et ses petites communes, est un terrain idéal pour tester ce dispositif. Corrençon-en-Vercors, un village de l’Isère, a été choisi pour recevoir ces livraisons expérimentales. Pour le moment, les essais concernent des colis factices, permettant notamment de tester les étapes cruciales du chargement et du déchargement.

Cette initiative répond à une demande croissante de rapidité et d’efficacité dans la livraison de colis, en particulier dans les zones rurales. « Voir un drone arriver avec un colis est un spectacle inhabituel ici, mais c’est fascinant de voir jusqu’où la technologie peut nous emmener », déclare un habitant curieux lors des tests.

« Cela pourrait être une vraie amélioration, surtout en hiver où les routes sont parfois impraticables », ajoute un autre riverain. Les camions de livraison, souvent trop encombrants pour les petites routes de montagne, pourraient être réduits grâce à ce système.

Une technologie qui fait ses preuves

Ce projet s’inscrit dans la continuité des deux précédentes expérimentations de La Poste, notamment dans le Var en 2017, où la première ligne de livraison par drone a été mise en place pour connecter les communes isolées. Dans les Alpes, une autre ligne avait déjà vu le jour, reliant des villages d’altitude.

L’enjeu principal pour l’entreprise est de réduire les délais de livraison et d’optimiser la logistique dans des zones souvent difficiles d’accès, comme l’explique un responsable de La Poste : « Le drone est un outil complémentaire aux moyens traditionnels de livraison. Il n’est pas destiné à les remplacer, mais à pallier leurs limites dans certaines conditions. »

L’avantage des drones est leur capacité à survoler des zones accidentées ou mal desservies par la route. Dans le Vercors, cette innovation pourrait aussi répondre à des besoins d’urgence, comme la livraison de médicaments ou d’équipements dans des situations critiques, réduisant ainsi les délais de plusieurs heures à quelques minutes.

Une tendance mondiale : le cas des États-Unis

Cette révolution n’est pas uniquement française. Aux États-Unis, l’utilisation de drones pour la livraison est déjà une réalité depuis plusieurs années. Des entreprises comme Amazon et Google, via son programme Wing, ont testé des services similaires. L’envergure et la réussite de ces projets montrent que le drone n’est plus simplement une technologie d’avenir, mais bien une solution logistique en pleine expansion. Les zones rurales américaines, tout comme les villages isolés en France, bénéficient de ces dispositifs qui allient rapidité et respect de l’environnement.

En 2019, l’entreprise Wing a été la première à obtenir une certification de la Federal Aviation Administration (FAA) pour la livraison par drone aux États-Unis. Depuis, de nombreux essais ont été effectués, notamment dans les zones reculées de Virginie et de Caroline du Nord. 

Ces expériences démontrent que, malgré les obstacles réglementaires et technologiques, les drones peuvent transformer la logistique moderne, apportant des bénéfices concrets aux habitants des zones éloignées.



Le grand pari d’Apple

L’iPhone 16, censé révolutionner le marché avec l’intelligence artificielle intégrée, arrive pourtant dans un premier temps sans cette technologie. Les consommateurs seront-ils au rendez-vous ?

À l’heure où les premières unités d’iPhone 16 arrivent dans les magasins un peu partout dans le monde, une question subsiste : ce nouveau modèle smartphone suscitera-t-il l’engouement du public tant espéré par Apple ? Car oui, le géant de Cupertino est dans une situation pour le moins cocasse.

C’est-à-dire : vendre un produit en mettant en avant une fonctionnalité qui n’est pas encore disponible. Cela concerne en l’occurrence l’Apple Intelligence, la plate-forme d’intelligence artificielle (IA) développée par le constructeur d’iPhone avec comme promesse de se positionner sur ce secteur en plein boom.

En effet, l’IA tant vantée brille pour l’instant par son absence sur les nouveaux appareils déclinés comme d’habitude en quatre modèles, dont le 16, le 16 Plus, le 16 Pro et enfin le 16 Pro Max. Pour des prix allant de 799 à 1199 dollars.

Quand l’attente se fait désirer

Cela en vaut-il la chandelle alors que la première version d’Apple Intelligence n’arrivera que dans plusieurs mois ? La question est d’autant plus pertinente que la nouvelle gamme d’iPhones ne présente qu’une évolution somme toute modeste par rapport à la génération précédente.

La vraie innovation étant le nouveau bouton « Camera Control » tactile destiné à faciliter la prise de photos et de vidéos. Apple se retrouve donc dans une position pour le moins délicate où l’engouement généralement autour de ses nouveaux smartphones, risque cette fois de faire pschitt.

« Bon nombre des personnes que je connais qui achètent le nouvel iPhone tous les ans, quoi qu’il arrive, ne l’achètent pas cette année. La raison pour laquelle ils ont trouvé l’iPhone 13 Pro suffisamment intéressant pour le mettre à niveau, mais pas cette année, reste peu claire », indique sur compte X, le journaliste Mark Gurman, réputé très au fait de l’actualité autour d’Apple.

Le pouvoir de la foi en la pomme

Cela renseigne suffisamment sur la situation actuelle du concepteur de la marque à la pomme. Étonnamment, Wall Street reste confiant, malgré ce faux départ.

Selon le site d’information Bloomberg, les analystes prédisent une croissance de 8% pour le trimestre de décembre, la meilleure performance de l’entreprise depuis fin 2021.

Il faut croire que dans le monde de la finance, l’espoir fait vivre… et par ailleurs investir. Surtout lorsqu’il s’agit d’une marque aussi prestigieuse qu’Apple.

Le défi de la monétisation de l’IA

Les financements du développement de l’intelligence artificielle n’ont cessé de croître de manière exponentielle ces dernières années, sans garantie de retour sur investissements.

Comment surfer sur la vague d’engouement du public, dont les entreprises, pour l’intelligence artificielle (IA) et ainsi y trouver son compte ? La question qui concerne les acteurs de ce secteur innovant peut sembler dénuée de sens. Et pourtant, elle tient d’une réelle préoccupation.

Car malgré la myriade d’investissements réalisés jusqu’ici dans l’IA, rien ne suggère pour l’heure que cela va s’avérer payant. Les nombreuses sociétés impliquées dans ce type de course à l’armement du 21e siècle, entrevoient la rentabilité comme un horizon bien lointain.

Cela concerne à la fois le leader du secteur de l’IA, OpenAI, créateur de ChatGPT ; que Microsoft, son principal bailleur de fonds. Il en est de même d’autres géants de la tech tels que Google, Meta (ex-Facebook) ou encore Amazon pour ne citer que ceux-là.

Une course toujours plus intense

Pour autant, les investissements ne devraient pas tarir. À en croire de nombreux observateurs de l’industrie, l’achat au prix fort (des dizaines de milliers de dollars l’unité) des puces électroniques nécessaires à la conception des modèles d’IA générative entre autres, devraient se poursuivre.

Selon le Wall Street Journal (WSJ), Meta prévoit ainsi d’en acquérir jusqu’à 600 000 d’ici la fin de l’année ; quand Elon Musk mise sur un stock de 300 000 pour société d’IA, xAi, d’ici le prochain été.

L’acquisition des centres de données indispensables pour entreposer les machines à forte demande de puissance énergétique devrait aussi continuer. À cela s’ajoute la prolifération des chasseurs de têtes à la recherche de spécialistes en intelligence artificielle, contre des rémunérations à six chiffres voire plus.

Un pari plus qu’autre chose

Tout cela se fait alors que les revenus issus de l’IA ne totalisent que quelques dizaines de milliards de dollars cette année, à en croire des analystes cités par le WSJ. C’est bien loin du seuil de 600 milliards de dollars de chiffre d’affaires estimés par un associé du fonds de capital-risque Sequoia Capital, pour soutenir les investissements.

« Le risque de sous-investir est nettement plus important que celui de surinvestir », justifiait récemment Sundar Pichai, directeur général d’Alphabet, la société mère de Google, lors d’une conférence téléphonique avec des investisseurs, dans des propos rapportés par le Wall Street Journal.

Quant à Mark Zuckerberg, patron de Meta, il plaide la patience dans le cadre d’une rentabilité espérée dans « plusieurs années ». Reste à savoir si le pari en vaut la chandelle.

Les crypto-monnaies, véritable poumon financier de Telegram

Une plongée dans les plus récents comptes de l’application de messagerie instantanée aux 950 millions d’utilisateurs actifs mensuels révèle sa dépendance vis-à-vis de la monnaie numérique.

Telegram ne fait décidément pas les choses comme les autres. Alors que la plupart de ses pairs jouissent d’un modèle économique classique, centré sur les revenus publicitaires entre autres, la quatrième plateforme de messagerie instantanée la plus populaire au monde se démarque.

En effet, le groupe au cœur de l’actualité depuis le déclenchement des déboires judiciaires de son fondateur, Pavel Dourov, en France le 24 août 2024, génère des ressources financières grâce à la cryptomonnaie. En l’occurrence, le « Toncoin » développé en interne en 2018.

C’est notamment ce que révèle l’examen états financiers privés de l’entreprise, déposés aux Îles Vierges britanniques, son siège légal, l’année dernière. Les données dévoilées par le Financial Times (FT) suggèrent une curieuse relation avec cette monnaie virtuelle.

Des actifs cryptos supérieurs à la trésorerie

Avec plus de 130 millions de dollars engrangés en 2023, les portefeuilles crypto et le commerce de jetons Toncoin représentent ainsi à eux seuls, la principale source de revenus de Telegram. Il s’agit d’un montant supérieur aux revenus issus des abonnements premium et de la publicité.

Preuve de l’ampleur incontournable de cette activité crypto jusqu’ici peu mise en avant, sa valeur globale estimée à 399 millions de dollars, dépasse de loin la trésorerie disponible, dont le chiffre s’élève à 171 millions de dollars.

Telegram semble donc avoir fait le pari plutôt inhabituel de miser une partie considérable de ses fonds sur la valeur future de ses jetons au lieu de les conserver en liquidités. Cela en dit long sur Pavel Dourov, dont les 15 milliards de dollars de fortune estimée par Forbes, dépendent en grande partie de la monnaie virtuelle.

Une entreprise surévaluée ?

Cette orientation vers la cryptomonnaie ne constitue, en tout cas, pas une assurance tout-risque pour le groupe. En témoigne le chiffre d’affaires limité à 342 millions pour le compte de 2023, contre une perte nette de 259 millions.

De quoi remettre en cause la valorisation estimée à 30 milliards de dollars par le PDG, dans une interview au Financial Times, le 11 mars dernier. Dans ces conditions, difficile d’envisager une entrée en bourse aussi réussie que le souhaiterait l’homme d’affaires de 39 ans.

À moins que le pari de la crypto – si volatile – ne se révèle finalement porteur.

Le fiasco Musk-X, le boulet financier du siècle pour les banques

Le rachat du réseau social par Elon Musk se révèle être une mauvaise opération pour les banques impliquées, depuis incapables d’écouler la dette qui en découle.

Le réseau social X serait-il devenu un poids sur les finances des banques concernées ? C’est ce qu’indique une enquête du Wall Street Journal (WSJ). Dans un article publié, mardi 20 août, le quotidien américain spécialisé dans la finance, lève un coin de voile sur les difficultés nées du rachat de la plateforme de micro-blogging par le milliardaire Elon Musk.

En octobre 2022, ce dernier concluait la transaction pour un montant de 44 milliards de dollars, aidé par sept grandes banques d’investissement, dont Morgan Stanley, Bank of America, Barclays, MUFG, BNP Paribas, Mizuho et Société Générale.

Les banques impliquées ont notamment mobilisé 13 milliards de dollars sous forme de prêt tout en s’engageant sur le volet obligations afin de permettre cette acquisition décrite un peu plus tard comme « surévaluée » de l’avis de Musk lui-même.

Un fardeau extrêmement pesant

Pour des raisons à la fois comptables et financières, les banques à l’origine des prêts auraient dû céder la dette qui en résulte à d’autres investisseurs (fonds, assurances, entre autres) dans le but de réaliser des bénéfices grâce notamment aux commissions.

Sauf que dans le cas présent, rien ne se passe comme prévu. Le WSJ indique ainsi que les prêts sont devenus un fardeau extrêmement pesant sur le bilan des banques, entraînant des dépréciations préjudiciables pour leur rentabilité. Le journal décrit une situation sans précédent depuis la crise de 2008 aux États-Unis.

« Ces prêts pèsent sur les banques depuis beaucoup plus longtemps que d’autres opérations suspendues que nous avons pu voir », a déclaré au Wall Street Journal, Steven Kaplan, professeur de finance à l’Université de Chicago et au fait de ce type d’opérations depuis les années 1980.

Un produit peu attrayant

Cette situation a de quoi nuire à la réputation des banques, désormais sans solution viable. Au cœur de cette mésaventure figure la perte d’attractivité progressive de X vis-à-vis des investisseurs potentiels.

Le réseau social régulièrement déficitaire déjà sous l’ancienne propriété, multiplie les contreperformances financières depuis le rachat d’Elon Musk. La conséquence de la fuite des annonceurs.

Inquiets de la gouvernance du milliardaire, notamment en matière de lutte contre la désinformation, ces derniers ont déserté la plateforme. De quoi contrarier Musk qui les accuse d’entente illicite contre ses intérêts.

News Corp envisage la fin de sa participation dans Foxtel

Le géant américain des médias a reçu une offre de reprise de ses intérêts au sein de l’opérateur de télévision payante australien.

La présence de News Corp dans le paysage audiovisuel en Australie pourrait bientôt toucher à sa fin. Et pour cause, le groupe fondé par l’homme d’affaires américain Rupert Murdoch explore une potentielle cession de ses parts au sein de Foxtel.

Cette société dont les débuts remontent à 1995 est un opérateur de câble-satellite codétenu par le groupe australien de télécommunications Telstra.

« Un examen des activités des différentes unités de News Corp a récemment coïncidé avec un intérêt tiers pour une éventuelle transaction impliquant Foxtel« , a annoncé le PDG Robert Thomson dans un communiqué cité par Reuters, le 8 août.

« Nous évaluons les différentes options avec nos conseillers compte tenu de cet intérêt externe », a-t-il poursuivi en marge d’un point des résultats financiers de News Corp.

Un coup de tonnerre

L’annonce de la probable vente de Foxtel représente un coup de tonnerre dans le secteur médiatique australien à tout le moins. L’opérateur de télévision payante a en effet longtemps dominé le paysage, fort de son acquisition des droits des principales compétitions sportives et des grandes chaînes américaines et internationales.

Son décodeur est ainsi devenu est un incontournable dans les foyers en Australie au prix de 66 dollars américains l’abonnement mensuel. Il a par ailleurs lancé son propre service de streaming en 2020 afin de tenter de rester dans la marche du temps.

Mais celle-ci semble cependant aller trop vite pour Foxtel. En témoigne la baisse de 5% de bénéfice enregistrée par cette division au second trimestre par rapport à l’année écoulée. La société voit de plus en plus son nombre d’abonnements fondre comme du beurre au soleil.

Un désengagement stratégique

La faute incombe en partie à l’émergence des acteurs du streaming, dont Netflix, Amazon Prime et autres Disney, qui proposent des offres à prix beaucoup moins élevés.

Pour Brian Han, analyste de l’entreprise de gestion d’actifs Morningstar, céder Foxtel permettrait à News Corp de sortir de la difficile équation de la monétisation de la télévision payante à l’ère du streaming.

Cela permettrait également au groupe de dégager des liquidités pour se recentrer sur d’autres activités a priori davantage porteuses. Il reste à savoir si le ou les potentiels acquéreurs seront suffisamment convaincus d’investir sur un actif estimé entre 1,24 milliard et 1,86 milliard selon la méthode d’évaluation de Morgan Stanley.

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