La guerre en Ukraine : un budget russe sous pression

Le Kremlin consacre une part record de son budget 2025 à l’effort militaire, témoignant des priorités du régime face aux défis stratégiques. Mais cette mobilisation s’accompagne de sacrifices sociaux et de tensions économiques croissantes, révélant une Russie en quête d’équilibre entre puissance militaire et stabilité intérieure.

Une priorité absolue : l’effort de guerre

En 2025, le budget militaire russe atteindra 13 500 milliards de roubles, une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse illustre l’engagement total de la Russie dans le conflit en Ukraine, mais aussi le poids grandissant du secteur militaire dans les finances publiques. Depuis 2022, les dépenses militaires ont explosé, reléguant les investissements sociaux au second plan. Le Kremlin justifie cet effort par la nécessité de maintenir une supériorité stratégique face aux soutiens occidentaux à l’Ukraine. Cependant, ces choix budgétaires suscitent des interrogations quant à leur soutenabilité à moyen terme, alors que d’autres secteurs cruciaux sont laissés pour compte.

Au-delà du budget militaire, les dépenses liées à la sécurité intérieure atteignent des sommets, portant à 40 % la part du budget fédéral consacrée à ces postes. Ces chiffres incluent les fonds classés « secrets », difficilement traçables mais cruciaux pour comprendre l’orientation stratégique russe. Le Kremlin semble ainsi privilégier une approche de forteresse assiégée, où la défense du territoire et la sécurité de l’État prennent le pas sur des investissements orientés vers le bien-être de la population. Cette militarisation des finances publiques s’inscrit dans une logique où l’effort de guerre devient central, quelles qu’en soient les conséquences sociales.

Les régions ukrainiennes annexées reçoivent une enveloppe de 1 300 milliards de roubles pour leur « restauration ». Ce montant, six fois supérieur à celui alloué au développement de l’Extrême-Orient russe, démontre la volonté du Kremlin de consolider sa présence dans ces zones stratégiques. Les projets incluent des infrastructures de base, des logements et la reconstruction d’espaces publics. Cependant, les coûts faramineux de cette entreprise posent la question de leur faisabilité, alors que d’autres régions russes restent en manque criant d’investissements. Ce choix budgétaire pourrait exacerber les tensions internes dans une Russie déjà fragilisée par les disparités régionales.

Une société mobilisée pour la guerre

Pour maintenir les rangs de son armée, le Kremlin s’appuie sur des primes sans précédent, atteignant jusqu’à 1,9 million de roubles pour les soldats sous contrat à Moscou. Ces primes, qui peuvent représenter plus de cinq fois le salaire moyen annuel, visent à attirer des volontaires malgré les risques élevés liés au front ukrainien. Mais ce mécanisme soulève des questions. D’une part, il alimente des inégalités croissantes entre les travailleurs civils et militaires. D’autre part, il met en lumière la difficulté de recruter dans un contexte de désillusion croissante parmi la population face à la prolongation du conflit.

Les tensions sur le marché du travail atteignent un niveau critique, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’industrie lourde ou les infrastructures. Face à cette pénurie, le ministère du Travail propose d’ouvrir des métiers traditionnellement masculins aux femmes, notamment dans les mines. Cette mesure, bien que potentiellement efficace à court terme, illustre la difficulté du régime à gérer les impacts de la guerre sur l’économie nationale. De plus, elle souligne le poids croissant des exigences militaires sur la société civile, transformant en profondeur les dynamiques sociales et professionnelles en Russie.

Au-delà des recrutements militaires, les citoyens russes doivent affronter une hausse des impôts ciblant les plus riches, présentée comme une mesure de « justice sociale ». Cette stratégie vise à atténuer le mécontentement tout en finançant l’effort de guerre. Pourtant, dans un contexte de forte inflation et de stagnation économique, ces mesures risquent de peser lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Cette situation, combinée à une hausse générale des prix, pourrait accroître les tensions sociales et miner le soutien populaire au régime, malgré les efforts de propagande.

Une économie fragilisée par le conflit

L’économie russe est confrontée à une inflation galopante, avec des prévisions de hausse du taux directeur de la Banque centrale à 20 %. Ce niveau critique, rappelant les chocs économiques du printemps 2022, reflète les difficultés croissantes à maîtriser les effets des sanctions occidentales. Pour les ménages, cela se traduit par une flambée des prix des biens de première nécessité, tandis que les entreprises voient leurs coûts de financement s’envoler. Cette spirale inflationniste risque de compromettre les ambitions économiques du Kremlin à long terme.

Malgré les efforts pour diversifier ses partenariats internationaux, la Russie continue de ressentir les effets des sanctions imposées par les pays occidentaux. Les restrictions sur les technologies clés et les échanges financiers limitent la capacité du pays à moderniser son économie et à compenser les pertes liées au conflit. Ce contexte force Moscou à rediriger ses ressources vers des secteurs à faible valeur ajoutée, aggravant sa dépendance au secteur énergétique et réduisant ses perspectives de croissance durable.

L’allocation disproportionnée des ressources au secteur militaire pourrait compromettre l’équilibre budgétaire à moyen terme. En négligeant les investissements dans les infrastructures civiles, l’éducation et la santé, le Kremlin s’expose à des défis structurels majeurs. De plus, le poids croissant de la dette publique, bien que maîtrisé pour l’instant, pourrait devenir un facteur d’instabilité si la guerre venait à s’éterniser. Cette gestion budgétaire, orientée presque exclusivement vers la guerre, menace ainsi de fragiliser les fondations économiques et sociales de la Russie.



Hausse d’impôts : Michel Barnier veut épargner ceux « qui travaillent, qui produisent »

Michel Barnier

Le vendredi 27 septembre, à la sortie d’un séminaire gouvernemental, Michel Barnier a promis de protéger de toute hausse d’impôts ceux qui travaillent et qui produisent. Il a aussi évoqué un effort financier exceptionnel et temporaire de ceux qui peuvent contribuer à l’effort de redressement des finances publiques.

Il a promis de préserver les Français aux revenus modestes. Maintenant, il veut épargner ceux qui contribuent le plus à l’économie française. Le vendredi 27 septembre, à la sortie d’un premier séminaire gouvernemental, Michel Barnier a promis de protéger « de toute augmentation fiscale » ceux « qui travaillent, qui produisent », sans spécifier de quelles catégories de Français il s’agit.

Il ne s’agit pas de prendre des mesures contre telle ou telle catégorie

« La situation de la France est très grave sur le plan budgétaire et financier », a d’abord reconnu le Premier ministre, dans un entretien au Journal de Saône-et-Loire (JSL). Puis de dire que sa responsabilité, comme celle du gouvernement, « c’est de faire face et de prendre des mesures, non pas contre telle ou telle catégorie, mais en faisant en sorte d’être juste ». Selon lui, tout le monde doit se retrousser les manches pour qu’on réduise ensemble cette dette de 3.100 milliards et qu’on enraye le déficit qui s’annonce à plus de 6 %.

Michel Barnier évoque une contribution « exceptionnelle et temporaire » de ceux qui le peuvent 

« Il faut que l’effort soit juste, équilibré et concerté », a insisté le nouveau locataire de Matignon. Si chaque famille française doit s’impliquer pour redresser les finances publiques, Michel Barnier ne serait pas contre une participation « exceptionnelle et temporaire » de « ceux qui peuvent contribuer » à cet effort. Le chef du gouvernement s’adresse bien sûr aux plus riches de France, qu’il souhaite taxer plus que les autres. Il avait déjà fait part de cette intention dimanche dernier, au journal du soir de France 2.

Les plus riches doivent participer à l’effort national de redressement 

Au cours de son intervention, Michel Barnier a assuré qu’il ne va « pas alourdir encore l’impôt sur les plus modestes et les classes moyennes ». En revanche, il n’exclut « pas les plus riches afin de les faire participer à l’effort national de redressement ». Le Premier ministre a aussi parlé de prélèvements ciblés sur les grandes entreprises. Une idée reprise par son ministre de l’Economie Antoine Armand. Ce dernier note toutefois que le recours systématique à des hausses d’impôts n’a pas toujours porté ses fruits, sinon « la France serait depuis longtemps la première puissance mondiale », puisqu’elle est championne en la matière.

Michel Barnier a envoyé son budget provisoire au Conseil d’Etat

Directement concerné par cette mesure, le Medef a réagi en début de semaine. Dans un entretien au Parisien, son président Patrick Martin s’est dit « prêt à discuter » d’une hausse d’impôts des entreprises. Cependant, prévient-il, il le fera à ses conditions, même s’il est conscient « que la situation des finances publiques est très grave et l’équation politique fragile ». Michel Barnier a envoyé ce samedi son budget provisoire au Conseil d’Etat, qui doit l’examiner pour avis, avant sa présentation à l’Assemblée nationale, la semaine du 9 octobre. Avant cela, le 1er octobre, il doit prononcer sa déclaration de politique générale devant les députés.

Sarkozy veut baisser les impôts

L’ancien président de la république, aujourd’hui candidat aux primaires Les Républicains, Nicolas Sarkozy, a accordé un entretien au Figaro, dans lequel il s’est engagé à réduire les impôts en cas de réélection à la fonction suprême.

Cette entrevue, accordée aux journalistes du Figaro, a été publiée dans le quotidien, lundi 3 octobre. Nicolas Sarkozy commence par s’engager à faire passer le budget de la France sous la barre des 3% de déficit dès l’année 2019, puis à retrouver l’équilibre budgétaire pour l’année 2022.

Il précise qu’une fois qu’il aura mis en place une série de mesures visant à réduire les déficit et les impôts, il pourra négocier dans de meilleurs conditions avec nos partenaires européens.

« La négociation avec Bruxelles et nos partenaires européens sera le passage obligé pour tout nouveau gouvernement en 2017 », explique-t-il ainsi, avant de préciser :

« J’irai leur parler après avoir déposé en Conseil des ministres en juin 2017 les mesures qui permettront d’atteindre 100 milliards d’euros d’économies en cinq ans, et les 40 milliards d’euros de baisses d’impôts. Après, pas avant ».

L’homme politique souhaite aller très vite dans la mise en place des réformes, comme il l’a également décrit :

« À partir du moment où toutes les mesures d’économies auront été votées sous trois mois, et qu’elles s’accompagneront simultanément d’une baisse des impôts et d’une réforme du marché du travail qui répondront totalement au blocage français en matière de croissance, nous n’aurons aucune difficulté à ce que [les partenaires européens] acceptent que nous repassions sous la barre des 3% en 2019, pour renouer avec l’équilibre à la fin du quinquennat ».

Enfin, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à lancer une petite pique à François Hollande. « C’est la réalité des comptes que nous laissera François Hollande », s’est il inquiété…

 

Crédit photo : RomainSeaf, Flickr (Creative Common)

Sapin fustige le laxisme budgétaire de Sarkozy

Le ministre des Finances, Michel Sapin, s’est fait remarquer par une pique lancée à l’encontre de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, dont il a fustigé le « laxisme budgétaire ».

A l’occasion d’une conférence de presse, Michel Sapin a réagit à la proposition de Nicolas Sarkozy de mettre en place « un contre choc fiscal de 25 milliards d’euros » s’il était élu en 2017.

« On est dans l’irresponsabilité. On jette par la fenêtre les recettes et puis on va faire descendre très lentement les dépenses », a ainsi répondu Michel Sapin avant de dénoncer un « laxisme budgétaire ».
L’ancien ministre socialiste Pierre Moscovici a également fait part de son scepticisme face aux propositions de l’ancioen président de la république.