Croissance allemande : le vent tourne enfin selon trois instituts économiques

Après deux années de contraction, l’économie allemande semble enfin amorcer une reprise. Trois instituts de conjoncture de premier plan – l’IfW de Kiel, l’Ifo de Munich et le RWI d’Essen – ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2025 et 2026, misant sur une amélioration plus rapide que prévu de la conjoncture.

Des premiers signes positifs en 2024

Le redémarrage est timide, mais il est là. Tous trois anticipent désormais une progression du produit intérieur brut (PIB) allemand de 0,3 % pour l’année 2025, contre des prévisions initialement plus prudentes. L’Institut de Kiel, par exemple, tablait jusqu’ici sur une simple stagnation. Ce réajustement est largement attribué aux bons résultats du premier trimestre, marqué par une hausse de l’activité économique de 0,4 %.

« L’économie allemande entrevoit enfin la lumière au bout du tunnel », commentent les experts de l’IfW, soulignant que les moteurs de la reprise, bien que modestes, commencent à se remettre en marche.

Une dynamique plus vigoureuse à l’horizon 2026

Les projections à moyen terme sont elles aussi revues à la hausse. L’IfW s’attend désormais à une croissance de 1,6 % en 2026, contre 1,5 % précédemment. L’Institut Ifo affiche un optimisme plus marqué encore : il anticipe une progression de 1,5 % en 2026, soit près du double de sa prévision de printemps, qui n’était que de 0,8 %. Le RWI adopte une position similaire, misant également sur 1,5 % de croissance dans deux ans.

Le creux de la vague est passé

Pour Timo Wollmershäuser, chef économiste à l’Ifo, « la crise a atteint son point le plus bas durant l’hiver dernier ». Selon lui, la situation conjoncturelle s’améliore lentement mais sûrement, portée par un retour de la confiance des entreprises et la stabilisation de la demande intérieure.

Parmi les éléments de soutien à cette reprise, les décisions budgétaires récentes du gouvernement fédéral jouent un rôle central. « Les mesures économiques adoptées ces derniers mois expliquent en partie cette embellie », confirme-t-il.

Un coup d’accélérateur venu du gouvernement

En effet, Berlin a dégainé plusieurs instruments pour stimuler l’économie. La semaine dernière, le gouvernement a validé un vaste programme de 46 milliards d’euros d’allègements fiscaux à destination des entreprises. Objectif : relancer l’investissement et soutenir la compétitivité.

Autre levier important : un plan d’investissement massif de 500 milliards d’euros dans les infrastructures, approuvé au printemps par le Parlement. Il s’agit du plus grand effort d’aménagement du territoire et de modernisation depuis la réunification.

D’après les estimations de l’Ifo, ces mesures pourraient générer un impact budgétaire positif de 10 milliards d’euros dès 2025, et de 57 milliards d’euros en 2026. En matière de croissance, cela se traduirait par un bonus de 0,1 point de PIB cette année, et 0,7 point l’année suivante, comparativement à une trajectoire sans intervention gouvernementale.

Des incertitudes demeurent

Si le ton général est désormais à l’optimisme prudent, les trois instituts ne cachent pas les obstacles qui subsistent. La question des droits de douane et du climat commercial international reste une épée de Damoclès, notamment dans un contexte de tensions commerciales persistantes entre les grandes puissances.

Torsten Schmidt, responsable des prévisions au RWI, insiste : « La reprise s’annonce progressive et dépendra fortement de la capacité du gouvernement à traduire ses promesses en actions concrètes. » Il met en garde contre un excès d’enthousiasme, tout en soulignant les signaux positifs émis par le second semestre.

Un nouveau cycle pour la première économie européenne ?

Après une période difficile marquée par les séquelles de la pandémie, la flambée des prix de l’énergie et le ralentissement industriel, l’Allemagne pourrait renouer avec un cycle de croissance plus soutenu, à condition de maintenir le cap des réformes et de la relance.

Les ajustements récents des prévisions économiques témoignent d’un changement de climat. Les instituts, jusqu’ici très prudents, misent désormais sur un retour progressif à une croissance modérée mais stable, nourrie par l’investissement public et le redressement de la demande.

L’économie allemande, locomotive du continent, n’est pas encore repartie à plein régime, mais le moteur semble relancé. La suite dépendra de la conjonction entre politiques publiques efficaces et environnement économique international plus serein.

Leonardo et Rheinmetall : l’alliance européenne qui réinvente l’armée italienne

La création de la coentreprise Leonardo Rheinmetall Military Vehicles (LRMV) marque une nouvelle étape dans l’industrie de la défense. Cette alliance entre le géant italien Leonardo et le groupe allemand Rheinmetall vise à fournir des véhicules de combat à l’armée italienne, pour un montant de 23 milliards d’euros, et à se positionner comme un acteur majeur sur le marché mondial de l’armement.

Un projet de défense ambitieux pour l’Italie

Leonardo et Rheinmetall ont officialisé la création de LRMV, une coentreprise dédiée à la conception et la fabrication de nouveaux systèmes de combat pour l’armée italienne. Ce projet d’envergure prévoit la fourniture de 1 050 systèmes de combat d’infanterie blindée, répartis en 16 versions différentes, ainsi que 123 chars de combat pour remplacer les anciens modèles Ariete de l’armée italienne. L’ensemble de ces contrats représente une valeur totale de 23 milliards d’euros, dont 15 milliards seront investis dans les systèmes d’infanterie de 2027 à 2040, et 8 milliards pour les chars de combat de 2027 à 2035.

Les deux partenaires ont déjà fixé des objectifs clairs : livrer les premiers véhicules dans un délai de deux ans. Le gouvernement italien ayant exprimé des besoins urgents en matière de modernisation de ses forces armées, LRMV devra faire preuve de rapidité et d’efficacité pour respecter ce calendrier ambitieux. Le PDG de Rheinmetall, Armin Papperger, a souligné que cette coentreprise est “essentielle pour fournir à l’Italie des véhicules de combat de dernière génération, tout en permettant de répondre aux exigences futures d’autres pays partenaires”.

Le développement du nouveau char de combat pour l’armée italienne reposera sur le modèle Panther KF51, un prototype avancé conçu par Rheinmetall. Ce char, destiné à remplacer le vieillissant Ariete, intégrera les technologies de pointe en matière de blindage, de mobilité et de puissance de feu. Avec ce projet, Leonardo et Rheinmetall entendent renforcer la compétitivité de l’industrie de défense italienne tout en créant un « poids lourd » européen capable de rivaliser avec les géants américains et chinois.

Un partenariat pour s’imposer sur la scène mondiale

Cette alliance entre Leonardo et Rheinmetall illustre une tendance croissante dans l’industrie de la défense : celle des fusions et acquisitions pour créer des entités suffisamment puissantes pour rivaliser sur le marché mondial. Selon Roberto Cingolani, PDG de Leonardo, “la nécessité de créer des « géants » est impérative pour ne pas devenir insignifiant face aux grandes entreprises américaines et asiatiques”. En unissant leurs forces, les deux groupes espèrent non seulement répondre aux besoins de l’armée italienne, mais aussi conquérir de nouveaux marchés à l’échelle internationale.

L’initiative conjointe de Leonardo et Rheinmetall ne se limite pas à une simple réponse aux besoins nationaux. Leur objectif est également de proposer des solutions à d’autres pays en quête de modernisation de leurs forces armées. Ce projet ouvre la voie à une nouvelle forme de collaboration entre les entreprises européennes de défense, capables de concurrencer les grands acteurs mondiaux tout en favorisant l’innovation technologique.

Avant de s’allier à Rheinmetall, Leonardo était en pourparlers avec KNDS, un autre groupe d’armement franco-allemand, pour la fourniture de chars Leopard 2A8 à l’armée italienne. Cependant, la rupture des négociations en juin 2024 a poussé Leonardo à se tourner vers un partenariat avec Rheinmetall, renforçant ainsi sa position dans le secteur des véhicules de combat blindés. Ce changement de cap stratégique a permis à Leonardo de s’associer à un partenaire plus compatible avec ses ambitions.

Un impact national et européen majeur

LRMV ne se contentera pas de fournir des véhicules de combat à l’armée italienne. Le siège juridique de cette nouvelle entité sera installé à Rome, avec un quartier général opérationnel à La Spezia, une ville portuaire du nord-est de l’Italie où Leonardo possède déjà plusieurs usines. Ce choix témoigne de la volonté des deux entreprises de maintenir une grande partie de la production en Italie, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la dynamisation du secteur industriel local.

En plaçant le cœur de la production sur le territoire italien, LRMV entend participer activement à l’essor de l’industrie de défense du pays. Ce projet va également renforcer les capacités technologiques et industrielles locales, tout en attirant de nouveaux investissements dans la région. Pour l’Italie, il s’agit d’une opportunité de taille pour consolider sa position en tant que leader dans le domaine de la défense en Europe.

L’un des objectifs à long terme de cette coentreprise est de réduire la dépendance de l’Italie, et plus largement de l’Europe, vis-à-vis des acteurs non européens dans le domaine de l’armement. En développant des véhicules de combat modernes avec des partenaires européens, Leonardo et Rheinmetall participent à l’effort de création d’une défense européenne plus autonome. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer la coopération au sein de l’Union européenne en matière de défense.



Réduction des risques : des études encourageantes pour le tabac à chauffer ?

Après les vapoteuses, d’autres formes alternatives de consommation du tabac, se présentant comme moins nocives, arrivent sur le marché. Dernière tendance en date, le tabac à chauffer. Deux récentes études semblent aller dans ce sens.

La semaine dernière, deux études publiées par les autorités sanitaires anglaises et allemandes ont été dévoilées. Leurs résultats accordent à ces nouveaux produits des vertus de « réduction des risques » par rapport aux cigarettes traditionnelles.

Le 12 décembre, les scientifiques britanniques du Committee on Toxicity (CoT), l’organisme public chargé de conseiller le ministère de la santé et les organes de santé publique, ont publié un rapport sur le tabac à chauffer. Ils y précisent les résultats de leur étude, qui portait sur deux produits spécifiques, l’IQOS de Philip Morris International (PMI), et l’IFUSE de British American Tobacco (BAT).

Si les experts rappellent que le tabac à chauffer reste nocif et dangereux, ils estiment qu’« il a été reconnu que ces produits pouvaient représenter une réduction de la nocivité pour les personnes qui, autrement, fumeraient des cigarettes. »

« Il y a vraisemblablement une réduction des risques pour les fumeurs traditionnels choisissant de passer au tabac à chauffer à la place des cigarettes », précise le rapport, qui met aussi en avant la limitation des dommages concernant le tabagisme passif, puisque « une réduction des risques concernerait aussi les personnes à proximité lorsqu’un fumeur passe de la cigarette au tabac à chauffer. »

Des résultats parus seulement quelques jours plus tard en Allemagne offrent globalement la même lecture.

Outre Rhin, la BfR, l’organisme qui dépend du Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture et qui a pour mission de veiller à la sécurité sanitaire auprès du gouvernement fédéral, a mené une étude similaire. Elle a publié la semaine dernière les premiers résultats tirés de cette étude.

On y découvre les mêmes conclusions et recommandations que chez leurs homologues britanniques : si ces produits sont nocifs de par la présence de nicotine dans leur composition, l’absence de combustion à l’origine des émanations les plus toxiques de la cigarette, induit « qu’une réduction significative de la production de substances suspectées de nocivité sera associée à des risques sanitaires inférieurs à ceux de la cigarette traditionnelle. »

La communauté scientifique internationale semble donc s’accorder sur le fait que ces produits, appréhendés et promus uniquement comme alternative aux cigarettes, et non pas comme des produits de consommation inoffensifs, permettent de limiter fortement les risques et dégâts pour les fumeurs.

Vers une retraite à 69 ans ?

L’Allemagne va-t-elle faire passer son âge légal de départ à la retraite à 69 ans ? C’est ce que recommande sa banque centrale.

En effet, dans une recommandation effectuée en aout au gouvernement allemand, la Bundesbank estime que le système de retraite allemand ne pourra plus être financé si l’age de la retraite n’est pas repoussé à 69 ans d’ici l’année 2060.

Ce calcul s’explique par la faible démographie allemande, à cause de laquelle les cotisants ne seront bientôt plus suffisants pour financer les retraites des baby boomers.

En 2007, l’Allemagne avait déjà repoussé l’age de la retraite à 67 ans d’ici 2030, ce qui n’est pas suffisant selon la Bundesbank…

La France faiblement syndicalisée

Selon les chiffres publiés le 12 mai par la Dares (ministère du Travail), la France est l’un des pays européens ou le taux de travailleurs syndicalisés est le plus faible.

En France, seulement 11% des salariés sont syndiqués, ce qui représente 2,6 millions de travailleurs. A l’échelle européenne, le pays dispose du plus bas taux de syndicalisme, au niveau de la Lituanie et de l’Estonie.

En tête du classement, la Finlande domine les débats, avec 74% de salariés affiliés à un syndicat.

La moyenne européenne est de 23%, soit plus du double de la France

Selon la Dares, « aux pays nordiques, où la syndicalisation concerne la grande majorité des salariés, s’opposent les pays de l’Europe centrale et de l’Est, où les relations professionnelles sont moins favorables à la syndicalisation. De grands pays comme l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne ou la France ont des taux de syndicalisation parmi les plus faibles ».