Orsted s’effondre en Bourse après un plan à 8 milliards

Le géant danois des énergies renouvelables chute de près de 30 % à Copenhague après l’annonce d’une augmentation de capital massive.
Un coup de massue sur les marchés

Lundi matin, le titre Orsted a plongé de 28,9 % à la Bourse de Copenhague, effaçant en quelques heures plusieurs milliards d’euros de capitalisation. À l’origine de cette débâcle : l’annonce d’une augmentation de capital de 60 milliards de couronnes danoises, soit environ 8 milliards d’euros. Cette opération, qui représente presque la moitié de la valeur boursière actuelle de l’entreprise (130 milliards de couronnes), a immédiatement été perçue par les investisseurs comme un signal de grande fragilité financière. La réaction a été d’autant plus violente que la dilution pour les actionnaires existants s’annonce massive.

Orsted, qui s’est reconverti des énergies fossiles vers l’éolien et le solaire, justifie cette levée de fonds par la nécessité de renforcer un bilan sous tension. Les difficultés à céder une partie du projet Sunrise Wind, combinées à une conjoncture défavorable sur le marché éolien offshore américain, ont créé un besoin de financement supplémentaire évalué à 40 milliards de couronnes. L’État danois, actionnaire majoritaire à 50,1 %, participera à l’opération, qui doit donner au groupe la flexibilité nécessaire pour mener à bien ses projets d’ici à 2027.

Le produit de l’émission doit financer un programme colossal : 8,1 gigawatts de nouvelles capacités éoliennes offshore d’ici à 2027, soit l’équivalent énergétique de cinq réacteurs EPR de Flamanville. Une ambition qui exige des moyens considérables, dans un environnement où les marges se sont effondrées sous l’effet de la hausse des coûts de construction, de l’inflation sur les matières premières, et de la remontée des taux d’intérêt.

Les vents contraires d’une industrie sous pression

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier a ravivé les tensions sur le secteur. Hostile de longue date aux énergies renouvelables, l’ancien président a signé dès le 20 janvier un décret suspendant les prêts fédéraux aux nouveaux projets éoliens offshore, en attendant un examen économique et environnemental. Cette décision a directement fragilisé Orsted, qui compte sur deux projets américains d’envergure : Revolution Wind (704 MW, prévu pour 2026) et Sunrise Wind (924 MW, prévu pour 2027). L’incertitude réglementaire pèse lourdement sur la valorisation du groupe depuis le début de l’année.

Comme ses concurrents, Orsted subit la flambée du prix des matières premières — notamment le polysilicium pour le solaire — et les surcoûts sur les chantiers offshore. Les projets en mer sont particulièrement sensibles à l’augmentation des coûts de transport, d’installation et de maintenance. En mai dernier, l’entreprise avait déjà retiré le projet Hornsea 4, au large de l’Écosse, en raison d’une explosion des coûts et de risques opérationnels accrus, entraînant des charges exceptionnelles de 470 à 600 millions d’euros.

Les analystes, comme ceux de la Royal Bank of Canada, pointent que Sunrise Wind est déjà soumis à une forte pression sur les rendements. La difficulté à céder une part de ce projet reflète la défiance des investisseurs face aux incertitudes politiques et économiques. Orsted relie directement ces échecs aux “évolutions défavorables du marché éolien offshore américain”, un marché jadis perçu comme stratégique mais désormais plombé par les signaux politiques négatifs et le manque de soutien financier fédéral.

Les défis d’un leader en quête de cap

L’augmentation de capital d’Orsted équivaut à lever près de la moitié de sa capitalisation actuelle, ce qui entraîne mécaniquement une dilution sévère. Si l’État danois participera à l’opération, les investisseurs privés voient leur part de capital réduite, ce qui explique en grande partie la violence de la sanction boursière. Pour les marchés, cette levée de fonds traduit un risque structurel plus profond que de simples difficultés conjoncturelles.

Orsted, longtemps considéré comme un modèle de transition énergétique réussie, doit désormais convaincre qu’il peut exécuter ses projets sans compromettre sa solidité financière. La communication du groupe insiste sur la nécessité de “préserver une capitalisation adéquate” et de maintenir la flexibilité budgétaire. Mais la succession de mauvaises nouvelles — retrait de projets, retards, surcoûts — fragilise la confiance des investisseurs et des partenaires financiers.

Malgré ces vents contraires, Orsted maintient le cap sur son programme éolien offshore, misant sur une reprise de la demande mondiale et sur la transition énergétique à long terme. Entre 2025 et 2027, l’entreprise déploiera un portefeuille parmi les plus ambitieux du marché, dans l’espoir que la conjoncture — réglementaire comme économique — se retourne en sa faveur. Un pari risqué, mais nécessaire pour rester dans la course face à des concurrents comme Vestas, Iberdrola ou RWE.



France 2040 : l’alerte sévère de l’Institut Montaigne

Démographie en berne, productivité stagnante, dette croissante : le think tank libéral met en garde contre l’inaction face aux périls structurels de la France.

Un déclin démographique lourd de conséquences

D’ici 2040, selon l’Institut Montaigne, les plus de 65 ans représenteront 26 à 28 % de la population française, contre environ 21 % aujourd’hui. Ce basculement démographique renforce le déséquilibre entre actifs et inactifs, avec un ratio de dépendance avoisinant les 50 %, soit un actif pour un inactif. Ce choc structurel aura des répercussions profondes sur les dépenses sociales et les retraites.

Le rapport pointe une baisse très forte de la natalité, qu’aucune mesure politique récente ne semble en mesure d’inverser. L’indicateur conjoncturel de fécondité est en recul constant, plaçant la France en deçà du seuil de renouvellement des générations. Ce déficit d’enfants pèsera sur le renouvellement de la population active et affaiblira le socle de la croissance.

À l’horizon 2040, la France risque de connaître une baisse du volume d’heures travaillées, aggravée par des tendances déjà en cours. Bruno Tertrais, coordinateur du rapport, prévient : sans renversement de cette dynamique, le pays s’installe dans une économie structurellement atone, où le vieillissement et la raréfaction des actifs entraînent une chute de la productivité globale.

Un modèle économique sous tension permanente

La dette publique, déjà au-delà des 110 % du PIB, devrait continuer de croître sous l’effet combiné du vieillissement, de la baisse des recettes fiscales et des dépenses sociales accrues. L’Institut Montaigne souligne que cette dérive budgétaire prive l’État de marges de manœuvre à moyen terme, mettant en danger la capacité d’investissement public et les équilibres macroéconomiques.

La productivité du travail, moteur traditionnel de la croissance française, ne progresse plus significativement. Selon le rapport, le vieillissement, la désorganisation territoriale et le manque de réforme structurelle sont responsables de ce marasme prolongé. Les gains technologiques ne parviennent plus à compenser la baisse de performance de l’économie réelle.

L’étude se veut un électrochoc pour les responsables politiques. Elle insiste sur le fait que la poursuite des tendances actuelles sans intervention ambitieuse conduira à une impasse économique. Le rapport veut mettre les élus « face à leurs responsabilités » et souligne le coût élevé de l’immobilisme institutionnel, en particulier dans les domaines clés que sont le travail, l’innovation et la formation.

 

Une gouvernance à bout de souffle face aux crises systémiques

L’Institut Montaigne critique sévèrement la gouvernance publique « en silos ». L’absence de vision transversale, dans des domaines comme l’éducation, la santé, le climat ou la sécurité, empêcherait toute réponse cohérente aux défis actuels. Cette logique compartimentée rend l’État inefficace face aux dynamiques de plus en plus entremêlées qui caractérisent les crises modernes.

La France entre dans une période de « double contrainte », marquée à la fois par des transformations climatiques rapides et un effondrement démographique. Cette imbrication rend les arbitrages budgétaires, sociaux et environnementaux encore plus complexes. L’incapacité de l’État à prioriser et planifier aggrave la perte de souveraineté stratégique du pays.

Bruno Tertrais insiste enfin sur un contexte géopolitique tendu : conflits régionaux, instabilité commerciale, pression migratoire. Face à cela, les « travers traditionnels de l’administration française » deviennent des handicaps structurels, plus problématiques encore qu’il y a trente ans. Le rapport alerte sur l’urgence de repenser l’organisation de l’État dans un monde devenu imprévisible.



1er juillet : hausse du gaz, bonus auto et réforme santé

Revalorisation du chômage, bonus écologique renforcé, obligations en cas de canicule… Le 1er juillet 2025 marque l’entrée en vigueur de nombreux changements concrets.
Santé, sécurité et travail : l’État muscle son arsenal

Afin de lutter contre la fraude aux indemnités journalières, l’Assurance maladie impose désormais un formulaire Cerfa ultra-sécurisé pour tout arrêt-maladie prescrit à domicile. Dès ce 1er juillet, seuls les originaux comportant hologrammes, encre magnétique et identifiant du médecin seront recevables. Les copies et documents scannés seront systématiquement refusés. La mesure intervient après un bond des fraudes, passées de 17 à 42 millions d’euros en un an, et vise à restaurer la confiance dans le système d’indemnisation.

Employeurs, salariés et représentants du personnel doivent désormais composer avec un dispositif strict de prévention des risques liés à la chaleur. Dès la vigilance jaune, les employeurs doivent adapter horaires et tâches, fournir trois litres d’eau fraîche par jour, installer ventilateurs ou brumisateurs, et équiper les salariés (chapeaux, lunettes, vêtements respirants). Les postes doivent être repensés pour limiter l’exposition aux rayonnements, et les pauses allongées. Ce tournant réglementaire impose à tous les secteurs une culture de la prévention plus rigoureuse.

La lutte contre le tabagisme prend une nouvelle tournure. Dès le 30 juin, il est interdit de fumer dans les parcs, plages, abris de bus, abords des écoles, stades ou piscines, sans laisser cette décision à la libre appréciation des communes. Cette extension vise à réduire l’exposition au tabagisme passif, notamment pour les enfants. Si certaines villes pionnières, comme Nice, appliquaient déjà ces mesures, leur généralisation nationale symbolise une volonté claire de changer les comportements au quotidien.

Pouvoir d’achat et emploi : des hausses, mais timides

Les allocataires du chômage verront leur indemnité journalière légèrement augmenter de 0,5 %, avec un nouveau minimum à 32,13 euros. Une hausse certes modeste, mais qui concernera plus de deux millions de personnes. À Mayotte, l’allocation minimale s’établit désormais à 16,05 euros. Cette revalorisation, automatique pour les salaires de référence datant d’au moins six mois, s’inscrit dans la continuité des ajustements de 2024, mais reste bien en deçà de l’inflation constatée sur les produits de première nécessité.

Un forfait de 750 euros s’appliquera désormais aux entreprises embauchant un apprenti de niveau bac+3 et plus. Cette contribution sera perçue directement par les centres de formation. Par ailleurs, les modalités de prise en charge des formations évoluent : les frais ne seront plus calculés au mois commencé, mais proratisés selon les jours réellement travaillés. Une réforme visant à responsabiliser davantage les employeurs et à réduire les abus sur les contrats courts.

Bonne nouvelle pour les familles : les verres correcteurs conçus pour ralentir la progression de la myopie chez les enfants de 5 à 16 ans (comme les Miyosmart du groupe Hoya) seront désormais partiellement remboursés par la Sécurité sociale. Recommandés depuis 2022 par la Haute Autorité de santé, ces verres coûtent souvent plusieurs centaines d’euros. Cette mesure sanitaire, attendue de longue date, vise à rendre les dispositifs de prévention visuelle plus accessibles à toutes les familles.

Énergie et transition : l’État ajuste ses leviers

Le tarif d’acheminement du gaz augmente de 6,1 % à partir du 1er juillet, entraînant une hausse moyenne de 1,4 % sur les factures. Pour les foyers utilisant le gaz pour la cuisson et l’eau chaude, l’abonnement annuel passe à 117,93 euros (contre 114,30 euros). Pour ceux utilisant le gaz pour le chauffage, la facture grimpe de 277,43 à 290,83 euros. Cette revalorisation, justifiée par les coûts d’infrastructure, alimente toutefois les tensions sur le pouvoir d’achat des ménages, déjà mis à rude épreuve.

Le financement du bonus écologique pour l’achat de véhicules électriques bascule vers les certificats d’économie d’énergie (CEE), dans une logique de « pollueur-payeur ». Résultat : une aide en hausse pour les ménages modestes (jusqu’à 4 200 €), et de 3 100 € pour les autres, selon les revenus. Ce coup de pouce s’ajoute aux critères existants (prix maximal de 47 000 €, masse inférieure à 2,4 t, score environnemental minimum). L’objectif ? Poursuivre l’électrification du parc automobile sans grever le budget de l’État.

Avec ce nouveau mode de financement du bonus auto via les CEE, l’État transfère une partie du coût de la transition énergétique vers les fournisseurs d’énergie. Ces derniers doivent financer les économies d’énergie réalisées par les ménages, entreprises ou collectivités. Cette logique incitative renforce le rôle des acteurs économiques dans les politiques publiques environnementales. Mais elle pose aussi une question d’équité : les aides dépendent désormais de la capacité des fournisseurs à orienter efficacement leurs budgets.



Intermarché reprend 81 magasins Colruyt en France

Le Groupement Les Mousquetaires (Intermarché/Netto) s’engage à acquérir 81 supermarchés et 44 stations-service Colruyt pour 215 M€, avec transfert de 1 300 salariés.
Une opération stratégique majeure dans la distribution

Le 17 juin 2025, le groupe belge Colruyt a annoncé avoir reçu une promesse unilatérale d’achat émanant du Groupement Les Mousquetaires, maison-mère des enseignes Intermarché et Netto. Cette proposition porte sur l’acquisition de 81 supermarchés intégrés sur les 104 magasins Colruyt en France, ainsi que sur 44 stations-service DATS 24. L’opération est estimée à 215 millions d’euros, confirmant une stratégie offensive du groupement français pour consolider son maillage territorial, en particulier dans l’Est et le Centre-Est du pays. Pour Colruyt, ce retrait partiel marque un recentrage de ses activités sur des marchés plus rentables.

Les points de vente concernés sont majoritairement implantés dans les régions du quart nord-est, de la Bourgogne-Franche-Comté à la Lorraine. L’accord comprend également la reprise de plusieurs plateformes logistiques stratégiques, bien que certains entrepôts soient exclus de la transaction pour des raisons d’incompatibilité avec le modèle des Mousquetaires. L’ensemble représente une opportunité pour Intermarché d’accélérer son expansion tout en optimisant la répartition de ses flux. Au total, plus de 1 300 salariés sont concernés par le transfert, prévu pour le premier semestre 2026.

Colruyt, présent en France depuis 1998, fait face à des difficultés structurelles sur le territoire hexagonal. Malgré une activité rentable sur certains points, la filiale française du distributeur belge a enregistré un déficit supérieur à 20 millions d’euros au titre de l’exercice 2024-2025. Le poids des frais fixes, conjugué à une dynamique concurrentielle très tendue dans le secteur, a poussé le groupe à envisager une sortie partielle. L’accord avec Les Mousquetaires permet ainsi de limiter les pertes tout en garantissant une transition équilibrée.

Un transfert socialement encadré

L’un des piliers de l’accord repose sur la transmission intégrale des contrats de travail des salariés concernés, en vertu de l’article L1224-1 du Code du travail. Ainsi, 1 316 salariés de Colruyt Retail France rejoindront les entités du Groupement Les Mousquetaires sans rupture de contrat. Les 175 postes non transférés dans les entrepôts seront compensés par des propositions de CDI à pourvoir dans les structures logistiques des Mousquetaires, à l’issue d’une procédure de reclassement. Cette méthode témoigne d’une volonté commune de privilégier l’emploi et d’éviter les licenciements secs.

Avant tout transfert opérationnel, une consultation des instances représentatives du personnel (IRP) sera engagée. Ce dialogue, obligatoire dans le cadre d’une cession de cette ampleur, vise à préciser les modalités d’intégration, les perspectives de carrière, et les conditions de travail dans les nouvelles entités. Le PDG de Colruyt Retail France, Stefan Goethaert, a assuré que l’objectif était de garantir une intégration harmonieuse et responsable, dans l’intérêt conjoint des salariés et des enseignes concernées.

Les magasins repris seront confiés à des adhérents-indépendants du Groupement Les Mousquetaires, selon le modèle coopératif traditionnel de l’enseigne. Ces chefs d’entreprise bénéficieront d’un accompagnement personnalisé pour assurer la transformation logistique, marketing et RH des points de vente. Cette architecture décentralisée favorise une réappropriation locale des commerces et pourrait, selon les analystes, faciliter l’ancrage territorial durable des ex-magasins Colruyt.

Recomposition du paysage concurrentiel

Le secteur de la grande distribution en France est soumis à une concurrence intense, marquée par la montée en puissance du e-commerce, la pression sur les prix, et la prolifération des enseignes de hard-discount. Dans ce contexte, la reprise de Colruyt par Les Mousquetaires permet à ces derniers de conforter leur troisième place sur le marché français, derrière Leclerc et Carrefour. L’objectif affiché du Groupement : atteindre 20 % de parts de marché à l’horizon 2028, en renforçant sa présence dans les zones moins couvertes.

Cette acquisition s’inscrit dans une stratégie plus large de croissance externe, amorcée dès 2023 avec le rapprochement d’Intermarché et de Casino sur plusieurs zones de chalandise. Le modèle coopératif des Mousquetaires leur permet d’agir avec agilité, en s’appuyant sur un réseau dense de points de vente tout en gardant une gouvernance décentralisée. L’intégration des magasins Colruyt s’effectuera dans cette logique, avec une conversion progressive aux standards logistiques et commerciaux du groupement.

Enfin, cette opération envoie un message fort aux distributeurs européens : la France, marché historiquement dense, reste une zone complexe pour les enseignes étrangères peu implantées. L’exemple de Colruyt, contraint de se replier après près de 25 ans de présence, révèle les difficultés à atteindre une taille critique sans réseau logistique robuste et connaissance fine du tissu local. Pour Les Mousquetaires, cette reprise vient donc également confirmer leur statut de consolidateur national.



Fiabilité des appareils électroménagers : la durabilité en question

Les appareils électroménagers tombent plus souvent en panne, selon une étude de 60 millions de consommateurs. En dépit des progrès sur leur longévité, la fiabilité des équipements baisse, soulignant la nécessité de privilégier la réparation plutôt que le remplacement.
Un taux de fiabilité en baisse

L’enquête menée par 60 millions de consommateurs repose sur les retours de 5 000 consommateurs et couvre sept catégories d’appareils. Les résultats de cette étude montrent un recul notable de la fiabilité des appareils électroménagers. En 2025, le taux de fiabilité global des appareils est de 81,6%, contre 84,8% en 2023, ce qui représente une baisse de 3,2%. Cette diminution est particulièrement marquée pour les gros appareils, comme les lave-linge et les réfrigérateurs. Ce taux de fiabilité est calculé en fonction du pourcentage d’appareils n’ayant jamais rencontré de panne après 10 à 12 ans d’utilisation, ce qui en fait une référence importante pour les consommateurs soucieux de la longévité de leurs équipements.

Le rapport révèle de grandes disparités selon les types d’appareils. Les lave-linge se distinguent particulièrement par leur faible fiabilité, avec seulement 74% d’appareils fonctionnant correctement après plusieurs années d’usage. Cette catégorie connaît un taux de panne plus élevé que les autres, en raison des contraintes mécaniques auxquelles ces appareils sont soumis, notamment les variations de température, l’humidité et la pression de l’eau. En revanche, les réfrigérateurs et les fours encastrables obtiennent de meilleurs résultats, avec un taux de fiabilité moyen de 86%. Ces appareils souffrent moins de l’usure et ont des cycles d’utilisation moins agressifs, ce qui explique leur meilleure performance sur le long terme.

Un facteur clé dans la baisse de fiabilité est le vieillissement des appareils, un phénomène qui est lié à un renouvellement plus tardif des équipements. En effet, de nombreux consommateurs conservent leurs appareils plus longtemps avant de les remplacer. Si les appareils vieillissent, ils accumulent les pannes en raison de l’usure normale. Par ailleurs, dans cette étude, la durée de vie des appareils a été étendue à 12 ans pour le gros électroménager, ce qui augmente mécaniquement le nombre de pannes enregistrées. Cette situation montre que, bien que les équipements soient conçus pour durer plus longtemps, la réalité de leur fiabilité est moins rose.

Le marché face à l’obsolescence et à la réparation

L’obsolescence programmée, qui désigne la réduction délibérée de la durée de vie des produits par les fabricants, est un sujet de débat depuis des années. Bien qu’elle soit illégale en France depuis 2015, certains experts pointent des indices qui suggèrent que cette pratique pourrait persister de manière indirecte. En effet, l’étude de 2025 ne permet pas de prouver que cette obsolescence est systématique, mais elle met en évidence une augmentation des pannes liées à un vieillissement plus important des appareils. Cela suggère que les consommateurs, qui conservent leurs équipements plus longtemps, sont confrontés à une multiplication des défaillances techniques, sans pour autant bénéficier d’une meilleure qualité à long terme.

Face à cette situation, la réparation se profile comme une alternative de plus en plus utilisée par les consommateurs. En 2022, la Loi Agec (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) a introduit un « bonus réparation », visant à encourager les Français à réparer plutôt que de jeter leurs appareils électroménagers. Ce bonus, qui varie entre 15 et 60 euros selon l’appareil, permet de réduire le coût des réparations, rendant cette option plus attrayante. Toutefois, cette incitation ne suffit pas toujours à résoudre le problème : l’accès à des réparateurs certifiés et labellisés reste une contrainte importante pour de nombreux consommateurs, et il n’est pas toujours facile de trouver un professionnel qualifié à proximité.

Un autre point majeur abordé par l’étude concerne la mise à disposition des pièces détachées. Depuis 2021, les fabricants sont obligés de garantir la disponibilité des pièces détachées pendant 10 à 15 ans après la vente de l’appareil. Cette mesure vise à lutter contre l’obsolescence programmée et à permettre aux consommateurs de réparer plus facilement leurs appareils. Cependant, l’étude révèle que bien que la majorité des fabricants respectent cette norme, certains ne facilitent pas toujours l’accès aux pièces nécessaires pour les réparations, ce qui complique la durabilité réelle des produits. De plus, des marques qui assurent une meilleure disponibilité des pièces détachées bénéficient souvent d’une meilleure image de marque et de fidélité chez les consommateurs.

Les bonnes surprises : des appareils fiables, malgré tout

Malgré les nombreuses pannes relevées dans certaines catégories, certains appareils se distinguent par leur fiabilité exceptionnelle. Les réfrigérateurs et les fours encastrables occupent la tête du classement, avec des taux de fiabilité de 86% en moyenne. Ces appareils, bien que plus chers que d’autres équipements, offrent une meilleure durabilité sur le long terme. Les réfrigérateurs, en particulier, sont moins soumis à des contraintes mécaniques importantes, ce qui leur permet de mieux résister à l’usure, et ils nécessitent peu de maintenance.

Le robot culinaire Thermomix, qui avait été critiqué pour sa faible fiabilité dans les précédentes études, montre une évolution très positive. En 2023, ce produit avait récolté un taux de fiabilité de seulement 79,8%, mais en 2025, il atteint un impressionnant 91,3%, se hissant à la deuxième place de sa catégorie. Cette amélioration est attribuée à la version TM6, qui semble avoir été mieux conçue et mieux fini que ses prédécesseurs. Les consommateurs, prêts à investir dans un appareil coûteux, se retrouvent aujourd’hui avec un produit beaucoup plus fiable, ce qui est une bonne nouvelle pour la marque et pour ses utilisateurs.

Les robots culinaires, dans leur ensemble, se comportent plutôt bien, avec une fiabilité de 84%. Bien que certains modèles rencontrent davantage de problèmes que d’autres, notamment dans les catégories des aspirateurs et des cafetières, les robots culinaires restent une option fiable et durable pour les foyers. Cette fiabilité, bien qu’elle ne soit pas parfaite, représente un bon compromis entre performance et longévité, d’autant plus que certaines marques de robots culinaires dépassent les 90% de fiabilité.



L’IA, priorité stratégique de Trump

Donald Trump marque le début de son second mandat par une annonce spectaculaire : 500 milliards de dollars seront investis dans l’intelligence artificielle via le programme « Stargate ». Un projet ambitieux destiné à renforcer la suprématie technologique des États-Unis.

Le projet Stargate : un pari colossal

Le projet « Stargate » repose sur un financement massif de 500 milliards de dollars, un montant inédit dans l’histoire des États-Unis pour un programme technologique. Ce financement sera réparti sur quatre ans et soutiendra le développement de technologies avancées, telles que l’intelligence artificielle générative et les systèmes de machine learning. Cette initiative vise également à doter le pays des infrastructures nécessaires pour rivaliser avec les grandes puissances technologiques, notamment la Chine, qui a elle-même investi des sommes importantes dans ce secteur.

L’ambition du programme est double : d’une part, positionner les États-Unis comme leader mondial incontesté de l’IA, et d’autre part, garantir une sécurité nationale renforcée. Des applications militaires, industrielles et médicales seront développées, soulignant l’importance cruciale de ce projet pour le futur des États-Unis. Les premières phases se concentreront sur la recherche fondamentale et la mise en place de centres régionaux dédiés à l’innovation technologique.

Des acteurs majeurs du secteur technologique, comme Google, Microsoft, Oracle et OpenAI, ont déjà annoncé leur participation au projet. Ces entreprises joueront un rôle essentiel en collaborant avec le gouvernement pour développer des outils d’IA performants. Des partenariats public-privé seront établis, permettant aux entreprises de bénéficier des fonds fédéraux tout en répondant aux attentes stratégiques fixées par l’administration Trump.

Une approche politique tournée vers la dérégulation

Pour favoriser l’innovation rapide, l’administration Trump prévoit de réduire significativement les contraintes réglementaires sur le développement et l’utilisation de l’IA. Des règles initialement mises en place pour encadrer la sécurité et l’éthique des nouvelles technologies seront assouplies, suscitant l’enthousiasme des entreprises, mais également des critiques sur les risques potentiels.

Si certains élus, principalement républicains, saluent cette initiative comme une opportunité pour booster l’économie et la compétitivité américaine, d’autres voix s’élèvent pour dénoncer un déséquilibre. Les démocrates critiquent une approche jugée trop favorable aux grandes entreprises, au détriment des préoccupations éthiques et sociétales. Des débats animés sont attendus au Congrès sur la mise en œuvre concrète de ce projet.

Le programme « Stargate » prévoit la création de hubs technologiques principalement situés dans des zones urbaines stratégiques comme la Silicon Valley, Seattle ou Austin. Cette concentration risque d’accentuer les disparités territoriales, notamment au détriment des régions rurales qui pourraient ne pas bénéficier directement de cet investissement colossal.

Quels défis et perspectives pour les États-Unis

La course à l’intelligence artificielle est avant tout une bataille géopolitique. Face aux avancées de la Chine et d’autres acteurs internationaux, les États-Unis cherchent à consolider leur domination. Cependant, la compétition s’intensifie, avec des investissements massifs de Pékin dans des domaines similaires. La stratégie américaine repose donc sur une montée en puissance rapide pour ne pas perdre du terrain.

La levée de certaines restrictions réglementaires pourrait permettre des avancées technologiques plus rapides, mais elle soulève également des inquiétudes sur des points essentiels comme la vie privée, la sécurité des données et l’impact éthique de ces nouvelles technologies. Des organisations de défense des droits civiques demandent davantage de garde-fous pour éviter les dérives potentielles.

Si le projet « Stargate » promet de créer des milliers d’emplois directs, notamment dans les secteurs de la recherche et des infrastructures, l’automatisation accrue pourrait entraîner des suppressions de postes dans d’autres industries. L’administration Trump devra répondre aux critiques sur les inégalités sociales que ces transformations pourraient générer, tout en veillant à redistribuer les bénéfices économiques de manière équitable.



L’industrie européenne menacée par un excès de règlementations ?

Une étude de Deloitte alerte sur les freins réglementaires pesant sur la compétitivité industrielle européenne. Face à une concurrence acharnée des États-Unis et de la Chine, les perspectives du Vieux Continent s’assombrissent. 

 

Le constat est inquiétant. La production industrielle européenne a chuté de plus de 10 % en deux ans. En Belgique, la situation est encore plus critique avec une baisse de près de 13 %. Deloitte met en garde contre les défis croissants qui menacent l’Europe dans une étude dévoilée par L’Echo.  « Si on ne change rien, ce n’est que le début » souligne Rolf Driesen, CEO de Deloitte Belgique. 

Deux secteurs illustrent cette dégringolade. D’abord, la sidérurgie, où l’Europe est passée en une décennie du statut d’exportateur net à celui d’importateur net. Ensuite, la chimie belge, dont l’utilisation des capacités de production plafonne à 70 %, un niveau historiquement bas. 

Les faiblesses structurelles : énergie et réglementation 

L’un des freins majeurs identifiés est le coût de l’énergie. Les prix industriels de l’électricité en Europe sont jusqu’à trois fois plus élevés qu’aux États-Unis et deux fois plus qu’en Chine. Cette vulnérabilité est aggravée par la dépendance énergétique de l’UE, qui importe 63 % de son énergie, contre seulement 21 % pour la Chine. 

Autre pierre d’achoppement, la lourdeur des procédures administratives. Dans l’Union européenne, il faut parfois attendre jusqu’à neuf ans pour obtenir une autorisation pour un grand projet industriel, soit deux fois plus qu’aux États-Unis. Cette lenteur décourage les investissements, selon Deloitte. De nouvelles directives, comme la CSRD et la CSDDD, alourdissent encore les contraintes en imposant des exigences de durabilité et de droits humains, sans bénéfices directs sur la compétitivité, estime le cabinet. 

Des opportunités à saisir, mais une avance fragile 

Malgré ce tableau sombre, l’Europe conserve des atouts, notamment dans les technologies vertes. En 2023, le continent a levé 18 milliards d’euros en capital-risque dans ce domaine, contre 12 milliards aux États-Unis. Sa part d’énergies renouvelables (29 %) dépasse également celle de ses rivaux. Mais cette avance se réduit face à une Chine qui progresse rapidement. 

Deloitte insiste sur l’urgence d’agir. « La plupart des entreprises industrielles sont mondiales. Elles choisissent leur lieu d’investissement selon des critères où l’Europe peine à se démarquer », alerte Frederik Debrabander, Industry Leader Energy, Resources & Industrials chez Deloitte. Si rien ne change, l’industrie européenne pourrait s’éteindre dans une concurrence mondiale de plus en plus féroce. 

La guerre en Ukraine : un budget russe sous pression

Le Kremlin consacre une part record de son budget 2025 à l’effort militaire, témoignant des priorités du régime face aux défis stratégiques. Mais cette mobilisation s’accompagne de sacrifices sociaux et de tensions économiques croissantes, révélant une Russie en quête d’équilibre entre puissance militaire et stabilité intérieure.

Une priorité absolue : l’effort de guerre

En 2025, le budget militaire russe atteindra 13 500 milliards de roubles, une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse illustre l’engagement total de la Russie dans le conflit en Ukraine, mais aussi le poids grandissant du secteur militaire dans les finances publiques. Depuis 2022, les dépenses militaires ont explosé, reléguant les investissements sociaux au second plan. Le Kremlin justifie cet effort par la nécessité de maintenir une supériorité stratégique face aux soutiens occidentaux à l’Ukraine. Cependant, ces choix budgétaires suscitent des interrogations quant à leur soutenabilité à moyen terme, alors que d’autres secteurs cruciaux sont laissés pour compte.

Au-delà du budget militaire, les dépenses liées à la sécurité intérieure atteignent des sommets, portant à 40 % la part du budget fédéral consacrée à ces postes. Ces chiffres incluent les fonds classés « secrets », difficilement traçables mais cruciaux pour comprendre l’orientation stratégique russe. Le Kremlin semble ainsi privilégier une approche de forteresse assiégée, où la défense du territoire et la sécurité de l’État prennent le pas sur des investissements orientés vers le bien-être de la population. Cette militarisation des finances publiques s’inscrit dans une logique où l’effort de guerre devient central, quelles qu’en soient les conséquences sociales.

Les régions ukrainiennes annexées reçoivent une enveloppe de 1 300 milliards de roubles pour leur « restauration ». Ce montant, six fois supérieur à celui alloué au développement de l’Extrême-Orient russe, démontre la volonté du Kremlin de consolider sa présence dans ces zones stratégiques. Les projets incluent des infrastructures de base, des logements et la reconstruction d’espaces publics. Cependant, les coûts faramineux de cette entreprise posent la question de leur faisabilité, alors que d’autres régions russes restent en manque criant d’investissements. Ce choix budgétaire pourrait exacerber les tensions internes dans une Russie déjà fragilisée par les disparités régionales.

Une société mobilisée pour la guerre

Pour maintenir les rangs de son armée, le Kremlin s’appuie sur des primes sans précédent, atteignant jusqu’à 1,9 million de roubles pour les soldats sous contrat à Moscou. Ces primes, qui peuvent représenter plus de cinq fois le salaire moyen annuel, visent à attirer des volontaires malgré les risques élevés liés au front ukrainien. Mais ce mécanisme soulève des questions. D’une part, il alimente des inégalités croissantes entre les travailleurs civils et militaires. D’autre part, il met en lumière la difficulté de recruter dans un contexte de désillusion croissante parmi la population face à la prolongation du conflit.

Les tensions sur le marché du travail atteignent un niveau critique, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’industrie lourde ou les infrastructures. Face à cette pénurie, le ministère du Travail propose d’ouvrir des métiers traditionnellement masculins aux femmes, notamment dans les mines. Cette mesure, bien que potentiellement efficace à court terme, illustre la difficulté du régime à gérer les impacts de la guerre sur l’économie nationale. De plus, elle souligne le poids croissant des exigences militaires sur la société civile, transformant en profondeur les dynamiques sociales et professionnelles en Russie.

Au-delà des recrutements militaires, les citoyens russes doivent affronter une hausse des impôts ciblant les plus riches, présentée comme une mesure de « justice sociale ». Cette stratégie vise à atténuer le mécontentement tout en finançant l’effort de guerre. Pourtant, dans un contexte de forte inflation et de stagnation économique, ces mesures risquent de peser lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Cette situation, combinée à une hausse générale des prix, pourrait accroître les tensions sociales et miner le soutien populaire au régime, malgré les efforts de propagande.

Une économie fragilisée par le conflit

L’économie russe est confrontée à une inflation galopante, avec des prévisions de hausse du taux directeur de la Banque centrale à 20 %. Ce niveau critique, rappelant les chocs économiques du printemps 2022, reflète les difficultés croissantes à maîtriser les effets des sanctions occidentales. Pour les ménages, cela se traduit par une flambée des prix des biens de première nécessité, tandis que les entreprises voient leurs coûts de financement s’envoler. Cette spirale inflationniste risque de compromettre les ambitions économiques du Kremlin à long terme.

Malgré les efforts pour diversifier ses partenariats internationaux, la Russie continue de ressentir les effets des sanctions imposées par les pays occidentaux. Les restrictions sur les technologies clés et les échanges financiers limitent la capacité du pays à moderniser son économie et à compenser les pertes liées au conflit. Ce contexte force Moscou à rediriger ses ressources vers des secteurs à faible valeur ajoutée, aggravant sa dépendance au secteur énergétique et réduisant ses perspectives de croissance durable.

L’allocation disproportionnée des ressources au secteur militaire pourrait compromettre l’équilibre budgétaire à moyen terme. En négligeant les investissements dans les infrastructures civiles, l’éducation et la santé, le Kremlin s’expose à des défis structurels majeurs. De plus, le poids croissant de la dette publique, bien que maîtrisé pour l’instant, pourrait devenir un facteur d’instabilité si la guerre venait à s’éterniser. Cette gestion budgétaire, orientée presque exclusivement vers la guerre, menace ainsi de fragiliser les fondations économiques et sociales de la Russie.



Leonardo et Rheinmetall : l’alliance européenne qui réinvente l’armée italienne

La création de la coentreprise Leonardo Rheinmetall Military Vehicles (LRMV) marque une nouvelle étape dans l’industrie de la défense. Cette alliance entre le géant italien Leonardo et le groupe allemand Rheinmetall vise à fournir des véhicules de combat à l’armée italienne, pour un montant de 23 milliards d’euros, et à se positionner comme un acteur majeur sur le marché mondial de l’armement.

Un projet de défense ambitieux pour l’Italie

Leonardo et Rheinmetall ont officialisé la création de LRMV, une coentreprise dédiée à la conception et la fabrication de nouveaux systèmes de combat pour l’armée italienne. Ce projet d’envergure prévoit la fourniture de 1 050 systèmes de combat d’infanterie blindée, répartis en 16 versions différentes, ainsi que 123 chars de combat pour remplacer les anciens modèles Ariete de l’armée italienne. L’ensemble de ces contrats représente une valeur totale de 23 milliards d’euros, dont 15 milliards seront investis dans les systèmes d’infanterie de 2027 à 2040, et 8 milliards pour les chars de combat de 2027 à 2035.

Les deux partenaires ont déjà fixé des objectifs clairs : livrer les premiers véhicules dans un délai de deux ans. Le gouvernement italien ayant exprimé des besoins urgents en matière de modernisation de ses forces armées, LRMV devra faire preuve de rapidité et d’efficacité pour respecter ce calendrier ambitieux. Le PDG de Rheinmetall, Armin Papperger, a souligné que cette coentreprise est “essentielle pour fournir à l’Italie des véhicules de combat de dernière génération, tout en permettant de répondre aux exigences futures d’autres pays partenaires”.

Le développement du nouveau char de combat pour l’armée italienne reposera sur le modèle Panther KF51, un prototype avancé conçu par Rheinmetall. Ce char, destiné à remplacer le vieillissant Ariete, intégrera les technologies de pointe en matière de blindage, de mobilité et de puissance de feu. Avec ce projet, Leonardo et Rheinmetall entendent renforcer la compétitivité de l’industrie de défense italienne tout en créant un « poids lourd » européen capable de rivaliser avec les géants américains et chinois.

Un partenariat pour s’imposer sur la scène mondiale

Cette alliance entre Leonardo et Rheinmetall illustre une tendance croissante dans l’industrie de la défense : celle des fusions et acquisitions pour créer des entités suffisamment puissantes pour rivaliser sur le marché mondial. Selon Roberto Cingolani, PDG de Leonardo, “la nécessité de créer des « géants » est impérative pour ne pas devenir insignifiant face aux grandes entreprises américaines et asiatiques”. En unissant leurs forces, les deux groupes espèrent non seulement répondre aux besoins de l’armée italienne, mais aussi conquérir de nouveaux marchés à l’échelle internationale.

L’initiative conjointe de Leonardo et Rheinmetall ne se limite pas à une simple réponse aux besoins nationaux. Leur objectif est également de proposer des solutions à d’autres pays en quête de modernisation de leurs forces armées. Ce projet ouvre la voie à une nouvelle forme de collaboration entre les entreprises européennes de défense, capables de concurrencer les grands acteurs mondiaux tout en favorisant l’innovation technologique.

Avant de s’allier à Rheinmetall, Leonardo était en pourparlers avec KNDS, un autre groupe d’armement franco-allemand, pour la fourniture de chars Leopard 2A8 à l’armée italienne. Cependant, la rupture des négociations en juin 2024 a poussé Leonardo à se tourner vers un partenariat avec Rheinmetall, renforçant ainsi sa position dans le secteur des véhicules de combat blindés. Ce changement de cap stratégique a permis à Leonardo de s’associer à un partenaire plus compatible avec ses ambitions.

Un impact national et européen majeur

LRMV ne se contentera pas de fournir des véhicules de combat à l’armée italienne. Le siège juridique de cette nouvelle entité sera installé à Rome, avec un quartier général opérationnel à La Spezia, une ville portuaire du nord-est de l’Italie où Leonardo possède déjà plusieurs usines. Ce choix témoigne de la volonté des deux entreprises de maintenir une grande partie de la production en Italie, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la dynamisation du secteur industriel local.

En plaçant le cœur de la production sur le territoire italien, LRMV entend participer activement à l’essor de l’industrie de défense du pays. Ce projet va également renforcer les capacités technologiques et industrielles locales, tout en attirant de nouveaux investissements dans la région. Pour l’Italie, il s’agit d’une opportunité de taille pour consolider sa position en tant que leader dans le domaine de la défense en Europe.

L’un des objectifs à long terme de cette coentreprise est de réduire la dépendance de l’Italie, et plus largement de l’Europe, vis-à-vis des acteurs non européens dans le domaine de l’armement. En développant des véhicules de combat modernes avec des partenaires européens, Leonardo et Rheinmetall participent à l’effort de création d’une défense européenne plus autonome. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer la coopération au sein de l’Union européenne en matière de défense.



Nouveau contrat historique avec l’Arabie Saoudite pour Navantia

Le chantier naval espagnol Navantia a conclu un nouvel accord majeur avec l’Arabie Saoudite pour la construction de trois nouvelles corvettes, marquant un tournant dans la coopération économico-militaire entre les deux pays.

L’Arabie Saoudite mise sur la mer : vers une marine modernisée

Après la vente de cinq corvettes en 2018 à la Marine royale saoudienne dans le cadre du programme Sarawat, l’achat de trois nouvelles corvettes par l’Arabie Saoudite, d’une valeur estimée à 1,8 milliard d’euros, représente une autre étape significative pour le royaume qui cherche à renforcer sa flotte navale en réponse aux tensions géopolitiques croissantes dans la région.

Ce contrat permettra au royaume du pétrole de disposer de navires modernes et performants, capables d’assurer la sécurité maritime et de protéger les intérêts économiques du royaume, notamment dans le secteur pétrolier. Selon le ministre saoudien de la Défense, le général Khalid bin Salman :  “La modernisation de notre marine est essentielle pour défendre nos côtes et garantir la sécurité de nos voies maritimes.

La commande des corvettes aura également des retombées positives pour l’économie espagnole. Navantia, qui lutte contre la concurrence internationale, voit en cet accord une opportunité de relancer son activité et de maintenir des milliers d’emplois en Espagne. Le PDG de Navantia, Ricardo Domínguez, a déclaré : “Ce contrat est une preuve de la confiance que l’Arabie saoudite place dans notre savoir-faire naval et notre technologie de pointe.” Selon des sources internes, cette vente pourrait rapporter jusqu’à 700 millions d’euros à l’entreprise.

Les corvettes Avante 2200 : entre technologie de pointe et efficacité militaire 

Les corvettes commandées par l’Arabie Saoudite sont de type Avante 2200, connues pour leur capacité à effectuer des missions variées, allant de la lutte anti-sous-marine à la surveillance côtière. Elles sont équipées des dernières technologies en matière de radar et de systèmes d’armement, permettant une réactivité accrue face aux menaces potentielles.

Dans le cadre de ce contrat, Navantia s’engage également à transférer des technologies et des compétences aux entreprises locales. Cela contribuera à l’émergence d’une industrie navale saoudienne, permettant au pays de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d’équipements militaires. Le ministre de la Défense a précisé que “le développement de notre propre industrie est essentiel pour garantir notre souveraineté”.

Cette vente n’est que le début d’une série de projets potentiels entre Navantia et Ryad. Des discussions sont déjà en cours pour la vente d’autres types de navires, notamment des frégates et des sous-marins. “Nous sommes ouverts à explorer toutes les opportunités qui se présenteront”, a ajouté un porte-parole de Navantia.

 

Cette nouvelle vente de corvettes à l’Arabie Saoudite consolide la position de Navantia sur le marché mondial et illustre l’importance croissante de l’industrie de la défense en Espagne.



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